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Félicia Fayst, la fille du ciel tombée plus bas que terre.

Félicia
Félicia
Messages : 20
Ven 27 Juil - 18:57
Félicia

Fayst Félicia

NOM : Fayst
PRÉNOM : Félicia
SURNOM : Féli', Lucia (c'est un peu compliqué...) ou Minette. J'leur en foutrais du "minette"...
ÂGE : 22 ans, bientôt 23.
SEXE : Femme
RACE : Beorc
PEUPLE/CLASSE : Chevalière-Pégase
PAYS D'ORIGINE : Begnion




Me, Myself, I

PSYCHOLOGIE : Ce n'est pas forcément évident au premier coup d’œil, mais Félicia est une brave fille. Grattez un peu la couche extérieure, osez creuser un petit peu et vous découvrirez une femme pleine de bons sentiments. Elle est sincère et gentille, généreuse lorsqu'il lui reste encore quelque chose à partager et loyale. La chevalière n'est pas très agitée en général, préférant agir avec modération et humilité, même si elle tend à s'enflammer assez vite en cas de sujets disons "délicats" à cause de sa grande sensibilité. Cette même sensibilité tend à lui causer des problèmes autant qu'à les résoudre. Tête brûlée dans des situations qui s'en passeraient bien, ses actes peuvent partir avant ses pensées. En revanche, cette même impulsivité en fait également une excellente amie si on gagne son affection, car elle osera braver le danger pour venir au secours de quelqu'un qui lui est cher. D'une manière un peu plus générale également, Félicia s'efforce encore de soutenir les "bonnes causes", de défendre de nobles valeurs, le pauvre, la veuve et l'orphelin, tout ça...
La fille de Begnion est pieuse. Très, pieuse. Jusqu'à la superstition même, et cela lui a déjà joué des tours. Si elle prie quotidiennement la clémence et la bonté de la Sainte Ashera, implorant une bénédiction auprès des prêtres qu'elle rencontre ou s'efforçant d'accorder à ceux qui en ont besoin la même pitié que sa mère, prêtresse de son état, ne l'aurait fait, Félicia cumule également quelques tares. Si la vie "à la dure" a fini par faire taire l'innocence et la naïveté de ses jeunes années, la chevalière-pégase saturerait de croyances frisant parfois le ridicule. Un exemple ? Ne lui jetez pas un chat noir au visage, soit elle s'enfuira en hurlant des litanies de purification, soit elle vous "purifiera"...avant de s'enfuir en hurlant des litanies de purification. De même, pour ne pas s'attirer l'attention d'un mauvais esprit ou d'un autre, elle jettera le sel malencontreusement renversé par-dessus son épaule gauche, et cela avec la main droite attention. Sa mère disait que ça chasserait les mauvais esprits alors c'est plus que bon à prendre, pas vrai ?

Mais le tableau ne pourrait pas être aussi beau, pas vrai ? Ce serait trop facile...car oui, s'il faut gratter la couche extérieure pour découvrir cette gentille fille au cœur d'or, c'est qu'il y a bien un genre de carapace dégueulasse à racler soigneusement avant d'y arriver. Peut-être n'avait-elle pas jeté assez de sel par dessus son épaule, le destin s'est acharné sur elle ou encore est-ce là une épreuve de la Sainte Déesse pour tester la valeur de sa fidèle qui n'a jamais cessé pourtant de prier, mais Félicia n'a pas vraiment été chanceuse dans sa vie.
Comme dit plus haut, la chevalière est émotive, et très affective. Elle n'a jamais pu se pardonner d'être responsable de la mort de plusieurs des soldats qu'on lui avait confié, et qui plus est parmi eux se trouvait une de ses amies. Leur sort funeste continue à la hanter même des années après, mais cela n'est que l'une des pierres qui l'ont fait trébucher et mordre la poussière.
Elle qui était pleine d'espoir, de rêves, de volonté de rendre fiers ses parents et sa patrie, la désillusion brutale et le choc causés par son échec la troublèrent profondément, ébranlant ses aspirations et son courage tout en remettant violemment en cause son honneur. Voilà ce qu'avait provoqué sa première faute, la seconde ne fit qu'enfoncer le clou et l'achever.
Nous n'en ferons pas étal ici, pas tout de suite, mais si son premier faux-pas n'était que l'erreur d'une apprentie, l'inexpérience de la jeunesse, le second en revanche était l'échec d'un esprit fragile et d'une piètre soldate qui fut à son tour à l'origine d'un terrible drame.

Seulement ce n'est pas avec une énième bouteille à la main et une démarche plus bancale qu'une poule unijambiste empaillée qu'il va venir, le pardon, pas vrai ? Hé ben voilà c'est qu'elle est d'abord, une pauvre clocharde sans honneur, sans famille et sans talent...rien de plus qu'une tache qui a fait payer aux autres ses propres fautes. Oui, hantée par ses erreurs, ses cauchemars et l'opprobre qu'elle a jeté sur les siens, Félicia s'est mise à boire. Parce qu'ainsi, même si en venait à pleurer et à se lamenter encore plus, au moins le temps passait-il plus vite et elle avait le sentiment de moins penser à tout ça...sauf le lendemain à son réveil, lorsqu'elle se sentait encore plus misérable que la veille.
Lorsqu'elle est ivre, l'impulsive et sensible jeune femme tend bien évidemment à faire un tas de bêtises. Elle devient grossière, un peu agressive et totalement irréfléchie. Elle peut même en devenir bagarreuse dans de mauvaises circonstances ce qui la désole encore plus au quotidien. Car entre traumatisée, et fondamentalement gentille, Félicia n'aime pas se battre. Elle n'aime pas être blessée ou blesser les autres, et encore moins tuer.
De manière générale, depuis qu'elle erre toute seule, la chevalière s'est petit à petit renfermée sur elle-même, devenant plus méfiante, plus solitaire. De mauvaises expériences l'ont conduite à ne plus oser faire confiance aux autres, pourtant d'autres bien meilleures lui donnent l'espoir de pouvoir croire en l'humanité.
Un détail également, elle est secrètement attirée par les femmes. Si secrètement en fait qu'elle-même ne s'en est pas encore réellement rendu compte.

Mais ce n'est pas tout. Pour diverses raisons, tout à fait sensées ou non, la chevalière-pégase souffre de quelques tares qu'il était bon de mettre un peu à l'écart pour simplifier les choses.
Tout d'abord, elle a assez peur d'approcher des grandes étendues d'eau. Tremper les pieds dans un lac ou une rivière la mettra mal à l'aise, mais sans plus, en revanche embarquer sur un bateau ou l'entraîner dans une zone qui la forcerait à immerger plus que ses chevilles - et encore - relève de l'exploit. Une raison très simple à ça et probablement la plus logique de toutes celles qui seront évoquées : Elle nage comme une enclume ankylosée. Difficile d'apprécier la mer, la natation, le doux reflux des vagues sur vos épaules détendues...quand vous coulez comme une pierre. Ou comme une armure, pas vrai ?
En seconde position, vous la connaissez tous, vous l'avez tous ressentie un jour ou l'autre, elle vous hante encore secrètement lorsque vous sortez le soir...les brocolis ! Meuh non, c'est p'tet dégueu mais pas au point de lui coller la frousse. En revanche le noir, c'est pas la même chose. Hé oui, notre chevalière a peur du noir. Mauvaise interprétation des paroles de l'Eglise ou crainte ancestrale ? Peu importe. Quoiqu'il en soit, Félicia éprouve une angoisse croissante à mesure que la luminosité baisse. Si la Déesse est une sainte protectrice bienveillante qui apporte la lumière aux peuples, c'est bien que tout ce qui se cache dans les ténèbres le fait pour d'obscures et dangereuses raisons non ? Quoiqu'il en soit, l'histoire du chat noir un peu plus haut est ici à prendre au sérieux. Lui faire se coup là dans un espace peu éclairé, voire pas du tout, c'est risquer sa vie, la sienne, et celle du chat. Ayez pitié pour le chat. Et pour l'environnement. Et pour tout ce qui se prendra un coup de lance de la part d'une soldate totalement paniquée. Ne lancez pas le matou.
Ensuite vient une légère claustrophobie. Vraiment légère, elle se sent simplement oppressée dans les espaces confinés ou dans les foules trop bondées. Félicia pense que ça lui vient de son passé de chevalière-pégase, l'habitude de voler, du vaste ciel, tout ça...
Et à la dernière place, la chose qu'elle déteste plus que tout, plus encore plus que l'eau, encore plus que le noir, encore plus qu'un chat noir dans l'eau (quoi ?), il s'agit bien évidemment de...DAEIN ! Et un peu les Laguz aussi, dans une moindre mesure. Son père en parlait toujours comme des barbares - autant les habitants de Daein que les Laguz - stupides ou assoiffés de sang, des êtres cruels et violents qui ne vivaient que pour faire du mal aux autres. Jeune fille attentive et naïve, bien sûr elle l'a crû. Et les guerres lui donnèrent le sentiment que c'était vrai, car si par le décret de l'Impératrice et par les efforts précieux des sous-humains, ces derniers remontèrent un peu dans son estime même si elle n'oserait pas en approcher un toute seule, les enfants de la patrie aux guerriers vêtus de noir et de rouge eux, se gravèrent au contraire dans son esprit comme des brutes épaisses, sanguinaires et brutales. Pires que des animaux selon elle.
Mais si vous n'êtes pas de Daein, ni un Laguz, ni un lac ou un lanceur de chat, vous pourrez avoir à affaire à une fille bien. Ou à une soldate ivre morte, ça dépendra du moment.


PHYSIQUE : [i]Pendant une époque, Félicia avait été complexée par son corps. Aujourd'hui c'est le dernier de ses soucis, et ça vaut mieux qu'elle ne s'en fasse pas trop...et pour des raisons assez simples, elle ne remplit pas vraiment les critères des "canons" de beauté, même si elle a son charme.
Un peu plus grande que la moyenne, surtout pour une chevalière-pégase, mais pas plus épaisse elle jalousait la poitrine de ses camarades tandis que la sienne demeurait désespérément menue. Aujourd'hui encore, on va dire que son volume ne l'étouffe pas trop lorsqu'elle enfile son plastron. Bon, ça a ses avantages hein et elle n'en plait pas trop, mais elle aurait aimé être plus...féminine, quand bien même ses hanches se sont élargies au point de lui donner une silhouette au moins agréable à regarder. De plus, même si la jeune femme ne paye pas de mine, l'excès d'alcool l'a affublée d'une petite bedaine, même si son périple aussi rude qu'austère l'a confiné à demeurer fine, et même maigrichonne. Sous alimentée et épuisée, jour après jour, elle peut vous garantir que ça fait un régime du feu d'Ashera !
Niveau vestimentaire, c'est pas non plus le grand sex-appeal. Déshonorée et profondément troublée, elle se refuse à porter les couleurs de sa patrie qui lui est pourtant chère. Son manque d'entrain à cause de ses tourments la découragèrent également de se tourner vers des couleurs chaudes, aussi Félicia finit par adopter des teintes simples, pauvres. Du noir, du gris, et un peu de blanc ou de marron pour relever par-ci et par-là.
Cela ne se voit pas trop sur cette image où elle est plutôt..dénuée (ça ressemble un peu à une soirée qui tourne mal en fait) mais la chevalière préfère être bien équipée. Une veste de lin à manches courtes pour les beaux jours, une tunique en cuir noir pour les temps plus rudes, celle-ci étant d'ailleurs bordée de fourrure pour tenir plus chaud à son porteur et ce n'est pas de refus, car Félicia est frileuse. Pour ses jambes, c'est le même tarif. Pantalon simple pour les journées ensoleillées, en cuir déprimant pour la grisaille ou l'hiver. Bien sûr elle possède des gants aussi. En cuir, assez fins et sans renforts, ils permettent d'éviter de se blesser les mains avec sa lance ou de perdre bêtement un doigt sur un mauvais coup ou à cause du froid. De même pour les bottes montantes qu'elle chausse toujours, elles tiennent bien la cheville et gardent au chaud. Et évidemment, elle possède un plastron de chevalier-pégase. Léger, réduit, ne couvrant que la poitrine, les omoplates et les épaules. Il est gris, terne, un peu cabossé et rayé. L'idéal pour elle. S'il dans cet état, c'est car sous la honte elle en a gratté les couleurs et les ornements jusqu'à effacer toute trace de son appartenance à Begnion.
Ah oui, car ça serait vraiment dommage d'ajouter le ridicule à ses pathos, Félicia enserra sa taille à l'aide plusieurs ceintures, s'assurant ainsi d'avoir soit des sangles de secours en cas de problème, soit d'avoir la garantie que son fichu pantalon un peu trop grand, même pour ses hanches, ne glissera pas au mauvais moment. De toute façon, quand ça arrive c'est toujours à un mauvais moment pas vrai ? En guise d'arme elle porte sa vieille lance qu'elle possédait à l'armée. D'environ deux mètres, d'un bois solide, mais léger car il demande d'être manié par des femmes, et souvent de petit gabarit contrairement aux monstrueux chevaucheur de Wyvern de Daein. Sa pointe est fine et longue, permettant de percer une armure légère ou une cage thoracique. Une espèce de garde en rond, assez proche de celle d'une lance de joute, est présente vers la moitié de la hampe. Elle protège un peu plus la main et permet d'avoir une meilleure prise sur l'arme en cas d'impact. Maintenant qu'elle est à terre, Félicia exploite la particularité de sa lance d'une façon assez spéciale, mais on y reviendra une autre fois. Car oui, déchue de son rang et de tous ses privilèges, mais surtout pour une raison que nous verrons plus tard, la chevalière n'a plus de pégase.

Ah oui, et il demeure quelques détails, et probablement les plus importants en vérité. De par son passé militaire autant que par ses errances malchanceuses, Félicia a connu la morsure de l'acier dans ses chairs, et plus souvent qu'à son tour. Il faut dire que crier "les enfants de Daein sont tous des fils de chienne !" dans une taverne aux frontières de Daein, à une heure tardive et avec plus qu'une seule choppe dans le nez, ça n'aide pas à rester en bonne santé...ni être une femme seule et à l'air fatigué d'ailleurs. Subissant de nombreuses blessures au fil des années, dont certaines manquant de lui être fatales, la chevalière en a gardé de nombreuses cicatrices qui lui font honte autant qu'elle la font se résigner. Déshonorée, déshéritée et maintenant défigurée, que pouvait-il bien lui arriver de pire ? Les plus impressionnantes de ces marques sont également les plus visibles, celles de son visage. Une longue et vilaine balafre lui traversant le faciès en biais, glissant entre ses yeux et évitant de peu son nez jusqu'à terminer sa course vers le milieu de sa joue gauche, et un duo de stigmates trace une cruelle croix de l'autre coté de ses traits. Bien sûr, elle porte aussi bien d'autres marques mais il n'est guère utile de les détailler chacune dans le moindre détail.
Pour reprendre sur une note plus charmante, Félicia est quelqu'un qui se remarque assez facilement en vérité, non pas à cause de son équipement plutôt commun mais plutôt à cause de sa - très - volumineuse tignasse d'interminables cheveux châtains. C'est probablement sa plus grande occupation dans ses périples solitaires, leur masse plus que respectable lui donnant bien du fil à retordre et du temps à tuer, quand bien même ils sont assez facile à soigner de nature. Elle les noue le plus souvent derrière la nuque avec une étoffe assez claire, pour éviter qu'ils ne s'éparpillent vraiment trop, même si ça ne les empêche pas de le faire quand même.
Mais le plus remarquable en vérité chez la jeune femme, et son plus grand charme physique qui pourrait presque faire oublier les balafres qui la recouvrent se présente sous la forme de deux grands yeux d'un bleu céleste, doux comme deux saphirs pâles. Magnifique, son regard profond semble regretter son innocence perdue et
trahit souvent la chevalière en exprimant ses sentiments de façon pure et surtout indépendamment de sa volonté.
Si Félicia apprécie les bijoux, des babioles qui convenaient à une belle dame selon son père, sa honte et sa pauvreté ne l'autorisent pas à s'en parer. Sauf à l'exception d'un seul, un pendentif en argent - noirci par des années à être tourné et retourné entre ses mains - à l'image du blason familial, une tête de lion au-dessus d'une croix, qui lui sert d'amulette et de porte-bonheur. Lorsqu'elle prie, elle le serre fort entre ses fines mains.

Dans les détails remarquables, la chevalière fait preuve d'agilité et d'un extraordinaire sens de l'équilibre. Elle le doit à une étrange faculté qui n'est pas sans rappeler celle des chats, et lui permet de faire des acrobaties assez impressionnantes. Enfin, lorsqu'elle est sobre en tout cas.
Lorsqu'elle baille, elle émet un son similaire à celui d'un miaulement.




Derrière le Masque

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Félicia
Félicia
Messages : 20
Mar 22 Jan - 21:21
Félicia
Histoire :


Félicia n'a pas eu la plus douce des vies, mais elle n'a jamais eu à s'en plaindre. Originaire d'une petite famille native de Begnion qui s'est fait sa place dans la bourgeoisie par le travail honnête et dévoué de plusieurs générations. Son père, comme son propre père avant lui, occupait une place de sous-officier dans l'armée et s'acquittait de son devoir avec zèle. Sa femme elle occupait une place de prêtresse dans une petite église située dans le modeste quartier d'une petite ville. Il l'avait rencontré au cours d'une patrouille et s'était rapidement épris d'elle, de sa douceur et sa bonté.
De leur amour naquit une petite fille qui grandit entourée de l'amour et des espoirs de ses parents. Avec les années, elle apprit la discipline, le respect, la dignité et la générosité, assimilant et réunissant le meilleur de ce que ses géniteurs avaient à lui donner, et si elle ne faisait preuve qu'aucun talent hors du commun en dehors de son fantastique sens de l'équilibre, la fillette promettait en revanche de devenir une belle femme qui ferait honneur à sa famille.
Son enfance se passa sans encombre. Elle posa des questions sur la vie, le monde et la Déesse, tira la langue devant les légumes de son assiette et se cacha sous sa couette les soirs d'orage. En grandissant, le choix de son avenir sembla se porter plus sur le métier des armes que celui des prières, car elle pensait que dans ce monde menaçant elle se rendrait plus utile en intervenant directement dans un conflit plutôt qu'en priant pour le salut de ceux qu'elle n'avait pu sauver, à l'abri dans sa chapelle.
Militaire de carrière, son père lui enseigna ce qu'il savait des lances. Cependant, avec son petit gabarit, sa féminité et son aptitude aux acrobaties, le patriarche estima qu'il y avait une place plus intéressante pour sa précieuse fille qu'une simple soldate du rang. En jouant un peu de ses relations et après lui avoir fait passer quelques épreuves, la jeune Félicia se vit proposer une place en tant que chevalière-pégase. Ni une ni deux bien entendu, elle accepta avec une joie débordante. Son entraînement spécifique commença alors, pour l'habituer aux pégases et aux manœuvres aériennes.

Lorsqu'elle eut atteint ses quinze ans, l'héritière des Fayst put intégrer activement la garde sacrée et s'appliqua à accomplir son devoir avec le zèle qu'on connaissait à sa famille. Sa bienveillance, sa sincérité et sa piété en faisait une excellente camarade et une soldate prometteuse. Si on ne la voyait pas atteindre un jour un poste de général, ou un équivalent, nul doute ne subsistait quant au fait qu'elle ferait une belle carrière.
Pleine d'entrain et présentant globalement des aptitudes intéressantes, sans parler d'un petit coup de pouce de la part de ses parents qui lui garantissait une certaine fiabilité, on lui accorda rapidement des petites promotions, la passant en seconde d'escouade, puis en sergente alors qu'elle n'avait pas encore dix-sept ans. C'était une modeste avancée, mais si jeune c'était déjà une petite prouesse et cela la rendait folle de joie.
Peu de temps après, on lui accorda sa première mission en tant que meneuse d'escouade. En tentant compte de son manque d'expérience et de son caractère également, on lui attribua la moitié du nombre habituel pour ne pas la brusquer, ce qui aurait certainement eu des effets négatifs sur son développement. C'est ainsi, le cœur vaillant et la lance à la main que Félicia commanda à quatre camarades pour une patrouille de routine auprès de la frontière avec Daein. C'était suffisamment important pour leur faire gagner en confiance et en maturité sans les mettre en danger. La jeune sergente n'était pas à l'aise à l'idée d'approcher du pays que détestait tant son père - et après la terrible guerre qui faillit embraser tout le continent, la chevalière s'était mise à partager pleinement son avis - cependant sa mission la tenait malgré tout suffisamment loin des frontières pour éviter tout risque. Les relations entre le perdant de la guerre et la théocratie devenant vraiment très tendues, on préférait ne pas envoyer des débutantes sur le front.
Mais cette patrouille était tout ce qu'il y avait de plus routinier, afin de s'assurer que tout se passait normalement sur le territoire. Et si une partie de la mission se passa sans encombre, elle ne se termina pas du tout aussi bien que prévue. En circulant dans les airs, la demi-escouade finit par apercevoir un groupe suspect dans la plaine. Huit personnes, armées a priori et n'affichant pas de couleurs ou d'emblème particuliers. Ils semblaient trop nombreux pour être de simples voyageurs, et trop peu chargés pour être des marchands. Suspectant là d'avoir découvert une possible troupe de bandits, Félicia indiqua à ses camarades de perdre un peu d'altitude pour se rapprocher. Ce n'était peut-être rien et la chevalière préférait engager le dialogue avant de commencer à brandir les armes. Cependant elles avaient été vues et la question trouva rapidement sa réponse quand quatre des suspects commencèrent à bander des arcs dans leur direction. Immédiatement les pégases reprirent de l'altitude pour se mettre hors de portée des dangereuses flèches.

- Il faut qu'on aille chercher des renforts s'écria Sethia, la seconde de l'escouade, une femme grande et à l'avenir prometteur.
"Le temps qu'on fasse l'aller-retour ils se seront enfuis, on doit les arrêter ici !"

Elle fit signe à ses camarades de l'attendre alors qu'elle redescendait un peu, restant en mouvement en essayant de s'approcher à portée de voix. Elle ne tenait pas à engager un combat qui n'était pas à leur avantage mais la jeune chevalière refusait de laisser filer des bandits qui agressaient à vue des pégases.

"Je suis Félicia, de la Garde Sacrée de Begnion ! Je vous somme de déposer immédiatement les armes et de vous rendre sans résistance !"

Pour dire vrai, elle espérait bien que son assurance et son appartenance à l'armée aérienne suffise à convaincre ces mécréants d'obtempérer sans discuter. Après tout, personne n'aurait envie de se retrouver avec une troupe entière de femmes filant depuis les cieux comme des éclairs aux trousses.
Ben apparemment si, car pour toute réponse la pauvre fille reçut une volée de flèches sifflantes. Elle s'était trop approchée, ou bien avait sous-estimé la portée de leurs arcs. Quoiqu'il en soit, deux traits filèrent à côté d'elle, affolant sa monture qui connut un sort tragique lorsqu'une flèche traversa son aile et que la dernière se ficha en plein poitrail.
Mortellement touchée, la bête chuta en hennissant douloureusement, essayant désespérément de maintenir un semblant de vol sans en avoir la force. Sethia aboya aussitôt des ordres, ordonnant une charge en formation pour punir ces malfrats et éviter que Félicia ne se retrouve seule à terre. Aussitôt les chevalières et leurs montures fondirent depuis le ciel alors que leur sergente parvint à défaire les attaches qui la maintenaient à sa selle et de bondir avant le crash et roula au sol, parvenant à limiter les dégâts au moins pour elle avant de secouer la tête pour reprendre ses esprits, choquée par le fait d'avoir été ainsi abattue.

- Pour Ashera et l'Impératrice !

Les archers tournèrent leurs armes vers ces nouvelles cibles et décochèrent une nouvelle salve sifflante. Une flèche effleura un pégase, lui arrachant un hennissement plaintif sans le faire dévier. Un second trait en revanche trouva sa cible en la personne de Vanessa, une jeune recrue qui essayait encore de faire ses preuves, lorsqu'elle la frappa en pleine poitrine en transperçant le fin plastron qui la couvrait. La chevalière poussa un cri, un seul, et lâcha son arme avant de pendre inerte sur sa monture, les étriers retenant ses pieds et les sangles qui la rattachaient à la selle l'empêchant de tomber.
Plus expérimentée et douée avec les armes, Sethia n'attendit pas la seconde volée et projeta sa lance droit vers un archer, l'atteignant en plein abdomen et l'envoyant mordre la poussière avant de dégainer l'épée qui pendait sur le flanc de sa monture. Ses consoeurs ne l'imitèrent pas, encore trop maladroites pour se risquer à de telles manoeuvres, mais gagnèrent au moins un peu de temps lorsque les tireurs essayèrent d'éviter la javeline plutôt que de les mettre en joue et purent charger à toute vitesse, tuant deux malfrats de plus par leur assaut véloce.
Une fois au sol, les chevalières évitèrent de reprendre de l'altitude de peur de s'offrir une nouvelle fois aux archers qui avaient réussi à esquiver la charge et restèrent au corps-à-corps, comptant sur la longueur de leurs lances et l'agilité des pégases pour tenir le contact. Seule Sethia osait vraiment rentrer dans la mêlée avec son épée longue et sa monture agressive.

Félicia eut fort à faire également. A peine le temps de se remettre sur ses jambes tremblantes qu'elle dut déjà bondir pour se sauver, la lame de son agresseur ripant sur son épaulière au lieu de s'enfoncer dans son crâne. Elle agita sa lance, piqua vivement pour l'empêcher de la poursuivre. Un coup d'épée écarta sa pique, elle la retourna pour frapper avec l'extrémité de la hampe et dissuada son adversaire de foncer tête baissée avant de reprendre position. L'homme était massif, deux fois épais qu'elle et paraissait particulièrement musculeux. Ses traits durs lui firent penser à un natif de Daein, ce qui ne fit qu'attiser sa haine envers eux.
Inspirée par cette nouvelle colère, elle appliqua les leçons de son père et prit l'initiative, s'avançant en tendant vivement sa lance pour profiter de sa meilleure allonge. Sa pointe égratignait parfois la cible, mais jamais de façon satisfaisante. Feintant, Félicia réussit à porter un coup intéressant qui éborgna son adversaire, mais elle s'exposa à un terrible revers d'épée qui fendit son plastron en deux, mais ne lui causa que de maigres dommages.
Malgré sa blessure son adversaire ne s'arrêta pas là alors que le combat faisait rage à l'arrière, l'infériorité numérique ne jouant pas en la faveur de ses camarades alors que le bandit lui faisant face la chargea à nouveau, déviant sa lance à chaque fois qu'elle la remettait sur son chemin jusqu'à être à portée pour l'attaquer. Sa lame fendit les airs, la ratant de peu au premier passage, emporta un morceau d'épaulière au second. Il recula à cause d'un coup de pique qui se planta dans son abdomen alors que son troisième assaut traversa le visage de la jeune chevalière qui aurait probablement perdu la vie si son attaque n'avait pas fait perdre un peu d'allonge à son adversaire. Elle cria sous la douleur cuisante qui irradia dans toute la tête et faillit lâcher son arme lorsque le bandit recula sous la propre blessure.
La panique et l'adrénaline la gagnèrent lorsque son ennemi s'avança à nouveau en poussant un hurlement furieux, déterminé à la couper en deux cette fois-ci même s'il devait y laisser sa peau. Convaincue qu'elle ne s'en sortirait pas en restant face à lui, la chevalière planta son arme dans le sol et s'en servit comme d'une perche, bondissant agilement pour passer par-dessus son redoutable adversaire dont l'attaque de taille échoua. Un coup de hampe dans la nuque l'empêcha de se retourner, le faisant vaciller, alors que la lance se planta deux secondes après dans sa cuisse, lui faisant plier le genou et le mettant hors de combat en l'incapacitant.
Prudente, elle préféra s'éloigner de quelques pas sans le quitter des yeux, mais apparemment ses blessures le réduisaient au silence. Bien, il était temps d'aller prêter main-forte à ses soeurs d'arme désormais.
Elle l'aurait voulu. Quand elle se retourna, une lame traversa en biais en plastron, entaillant la chair qui était en dessous et lui coupa le souffle, avant que ce second ennemi ne lui décoche un terrible direct en pleine mâchoire qui la fit s'écrouler. La pauvre fille n'eut pas le temps de comprendre ce qui lui arrivait qu'un poids effroyable lui tomba sur le ventre et que sa gorge se serra, l'empêchant de respirer.

Sethia continuait à se battre avec ardeur, en vérité plus habile à l'épée qu'à la lance, et s'était déjà défaite d'un autre bandit avant de venir secourir Lina, qui était débordée face aux deux derniers ennemis. Elle était déjà blessée et on pouvait apercevoir gisante à terre leur dernière camarade, ainsi que sa monture, visiblement massacrée par cet ennemi à la carrure élancé et jouant agilement de son sabre mortel. Elles parvinrent à s'en débarrasser, grâce aux efforts combinés des pégases et de leurs cavalières déterminées à s'en sortir, mais pas sans blessure. Lina saignait de façon inquiétante du flanc et son plastron n'avait pas suffi à lui épargner un estoc, quand à Sethia elle accusait de nombreuses blessures, comme sa monture, mais aucune de vraiment grave. L'habile guerrière commença à chercher du regard leur sergente, elle se souvenait l'avoir vu être engagée dans un "un-contre-un" avec une crapule massive qui était maintenant au tapis mais n'avait pas pu suivre le reste de son combat.
La seconde de l'escouade aperçut alors le dernier rescapé, à califourchon sur la jeune fille qu'elle cherchait, en train de l'étrangler d'une seule main à la poigne redoutable alors que l'autre l'empêche de se défendre, repoussant ses bras ou la frappant au visage. Incapable de résister, elle perdit connaissance.

C'est avec une certaine surprise qu'elle revint à elle en toussant, ouvrant les yeux en accusant un début de migraine alors que la balafre traversant ses traits irradiait toujours de souffrance, mais à ses côtés se tenaient maintenant Sethia et Lina, les seules rescapées de cette tragédie et qui l'informèrent de la situation.
Vanessa était morte sur le coup de la flèche qui s'était fichée dans sa poitrine, mais son pégase, quoique très agité, était indemne. Mirana en revanche, dernière membre de leur petite équipe, avait connu un triste sort. Son adversaire avait égorgé sa monture, qui s'était rapidement écroulé en coinçant la pauvre cavalière sous son corps, la privant de mouvement et de toute chance de se défendre. De plus, sa propre monture était également passée de vie à trépas et pour finir, Lina souffrait de blessures graves et le chiffon qu'elle pressait sur son flanc n'empêchait pas l'hémorragie. Elle-même était d'ailleurs blessée, d'une façon impressionnante mais moins grave. Dans le camp d'en face, six des bandits étaient également morts, un septième était condamné à court terme et le dernier, celui que Félicia avait affronté, survivrait probablement avec quelques soins.
N'étant plus en état ni l'une ni l'autre de voyager, les chevalières se mirent d'accord pour renvoyer Sethia à la caserne et demander de l'aide, elles resteraient là pour veiller sur le prisonnier et pour se soutenir l'une l'autre, en commençant à faire leur deuil pour leurs amies tombées au combat.
L'attente de son retour fut terriblement longue, et devint angoissant lorsque Lina commença à menacer de perdre connaissance. Heureusement la troisième rescapée ramena à temps les renforts qui la sauvèrent.
Mais ce n'était là que le début des malheurs de la jeune Fayst...

Après cela, le bandit survivant fut interrogé puis enfermé alors que les chevalières furent soignées et mise au repos. Cependant, Félicia fut convoquée par ses supérieures pour faute militaire, son impulsivité et son imprudence ayant coûté cher à sa petite escouade, et cela aurait pu être bien pire sans les talents martiaux de Sethia. Mais si les pertes subies étaient parfaitement dramatiques, ils avaient également conscience du jeune âge et du désir de bien faire de la jeune chevalière. Aussi jugèrent-ils qu'ils lui avaient simplement attribué trop vite trop de responsabilités et Félicia s'en tira en étant simplement rétrogradée à son ancien rang de second d'escouade et sermonnée.
Mais le plus douloureux était sa culpabilité. On lui avait fait confiance, des vies lui avaient été placées sous sa direction et elle avait lamentablement échoué. La jeune femme sentait que ce souvenir la hanterait toute sa vie, et c'était là sa plus grande punition.

Et la seconde guerre éclata peu après. Bien qu'elle soit encore en convalescence et sans pégase, toutes les montures étant alors encore en formation ou déjà allouées, Félicia insista pour rejoindre au moins une troupe terrestre. Elle voulait racheter son erreur et faire honneur à ses camarades disparues par sa faute en servant son pays. Ses supérieurs n'étaient guère motivé à la renvoyer sur le terrain, surtout dans un régiment qui n'était pas le sien...mais au vu de sa volonté et des actions respectables de son père, on accéda à sa demande et la jeune femme se retrouva à intégrer une escouade de l'armée régulière.
Cette fois-ci, pas de zèle inconsidéré, pas d'ordres à donner. Félicia se contenta de suivre les instructions avec rigueur. Son père officiait dans les troupes à pied, alors la jeune chevalière était familière de leurs manœuvres et formations et ne faisait pas trop tache dans le paysage, même si elle devait faire plus d'efforts que d'habitude pour supporter sa nouvelle armure, plus massive.
Une mauvaise humeur assez permanente gagna alors la soldate durant cette dure époque. Elle qui détestait Daein, voilà que ce pays de sauvage recommençait à faire des siennes...et comme si cela ne suffisait pas, les Laguz se mêlaient également une nouvelle fois de la guerre, et contre leurs troupes !
Les premières semaines s'écoulèrent...aussi sereinement que possible. Malgré que les conflits se rapprochaient et devenaient de plus en plus violents, leur petite troupe n'avait pas encore été déployée sur un théâtre d'opération. Jusqu'à ce qu'on les rappelle en urgence à cause d'une percée importante de l'Alliance Laguz, à l'ouest du pays. Cependant, le temps qu'ils arrivent, le légendaire général Zelgius avait déjà fait un coup d'éclat fantastique en défaisant l'un des plus féroces généraux ennemis, démoralisant l'armée ennemie tout en galvanisant ses soldats.
L'armée de Begnion poursuivit ses adversaires sur le territoire de Criméa, avant que la jeune reine ne s'interpose. Félicia ne manqua pas d'être impressionnée par le courage ou la folie de la souveraine de Criméa, alors que le grand général ordonna de ne pas déclencher de combat sur ses terres, ce qui provoqua l'ire du sénateur Valtome qui choqua la jeune soldate en ordonnant l'exécution de Zelgius. Bien sûr, elle n'était pas à portée de voix au moment où cet ordre dément a eu lieu, mais une telle aberration fait très rapidement le tour de l'armée. Les événements continuèrent à se précipiter sans que Félicia n'y comprenne rien lorsque l'Impératrice en personne et sa garde personnelle de chevaliers-pégases de haut rang ne viennent délivrer le grand général.
Elle n'eut pas les détails, mais de ce qu'elle put entendre de rumeurs par-ci, par-là, le sénat aurait apparemment fomenter un genre de coup d'état. La situation échappa alors totalement à la compréhension de la jeune femme lorsque les troupes de Begnion s'allièrent alors avec l'Alliance Laguz qu'ils étaient venus combattre un peu plus tôt, ce qui ne manqua d'ailleurs pas de déplaire à la soldate. Elle se résigna à ses devoirs en maugréant, car au moins leur ennemi final demeurait Daein, c'était déjà ça de pris. Et puis, ce n'était pas si mal l'infanterie. Certes, l'armure l'épuisait, elle avait mal aux pieds et la pauvre mourait de chaud lorsque le soleil tapait un peu trop fort, mais au moins elle avait tout le temps de discuter avec les autres, de s'envoyer quelques plaisanteries, de se bousculer un peu...bref, tout ce qu'il faut pour relâcher un peu de pression, même si parcourir le ciel lui manquait. Et puis, l'idée de se battre contre ces dégénérés de Daein au coude à coude avec des gens qu'elle pouvait appeler au moins ses camarades, au mieux ses amis, était très loin d'être déplaisante.

Aussi son humeur maussade tendait à s'améliorer un peu tandis qu'ils approchaient de ce qu'on pensait être le début de la fin des conflits. Des représentants de quasiment tout le continent allaient être présent pour cette bataille, qui promettait d'être aussi gigantesque que mémorable. Des Laguz de toutes les races, des cavaliers habiles de Criméa combattraient aux côtés des mages et de la Garde Sacrée de Begnion contre les armées vêtues de rouge et de noir - et plein d'individus un peu atypiques dans le lot au passage - de chevaliers-Wyvernes et de guerriers en armure lourde de la nation qu'elle haïssait tant. Aucun doute, si elle voulait un jour briller dans sa carrière, racheter ses fautes et faire honneur à sa famille et sa patrie, ça serait dans cette dernière bataille, car il n'y en aurait pas d'autre après. Le destin de tout Tellius allait s'écrire dans les jours à venir, et si la Déesse le souhaitait, elle serait l'une des plumes qui graverait la nouvelle histoire du monde.
Ainsi pleine de foi et d'ardeur, Félicia continua à obéir aux ordres lorsque la confrontation s'annonça. Elle avait un peu peur, bien sûr. Qui n'aurait pas appréhendé de se retrouver au milieu d'une telle mêlée, mais c'était la gloire et la justice qui l'appelaient, pas la mort et l'oubli. La jeune femme serra dans sa petite main son pendentif en priant. Elle récita à voix basse ses litanies, même lorsque les troupes se déployèrent. En vérité, lorsque les premières cornes retentirent et que leur grondement retentissant fut repris en choeur par des milliers de voix hurlant dans un même et unique cri déchaîné, la chevalière implora de tout son être la grande Déesse de leur accorder sa protection, car le monde était devenu fou.

Le sol gronda, trembla sous le piétinement des bottes et des pattes des innombrables guerriers qui s'élançaient les uns vers les autres, jusqu'à devenir un roulement de tonnerre assourdissant qui engloba le champ de bataille. Puis vint le choc des premières lignes. De féroces guerriers caparaçonnés parfois de la tête aux pieds percutèrent leurs adversaires pas moins lourdement équipés avec une violence frôlant l'absurdité. Par-dessus les lignes de tous les camps bondirent des félins gigantesques alors que fondaient du ciel en glatissant des oiseaux pas moins colossaux qui fendaient les crânes et les armures avant d'emporter vers les nuages les malheureux qui se trouvèrent sous leurs serres. Des ordres hurlés par des officiers se retrouvèrent répétés et relayés d'un bout à l'autre de formations enragées qui frappaient et cognaient dans tous les sens, jusqu'à ce que les voix furent recouvertes par le fracas tonitruant de l'acier contre l'acier, les armes se fracassèrent alors que les os éclataient, les boucliers volèrent en éclats tandis que le sol se gorgeait du sang de dizaine, de centaines, de milliers de blessures.
Puis les sorts volèrent, des ouragans de foudre et de flamme s'écrasèrent sur des escouades entières alors que pleuvaient roches en fusion, lames de vents et échardes de glace acérée. Le ciel et l'horizon disparaissaient continuellement sous des éclairs fulgurants de lumière et d'ombre alors que les mages de jour et de nuit mettaient en valeur la supériorité de leur art respectif alors que les nuages s'obscurcirent comme les traits de centaines d'archers tombèrent des cieux en sifflant.
Au milieu de la mêlée, des héros naissaient quand d'autres succombaient. Les guerriers formaient des vagues, qui connaissaient des flux et des reflux en permanence. Un front reculait de dix mètres alors qu'à l'autre bout de la ligne de bataille, un autre avançait d'autant avant que la situation ne s'inverse dans un vacarme incessant. Au coeur des combats se distinguaient les légendes vivantes, comme le fabuleux général Ike qui était sans cesse débordé, sans cesse isolé. Sa force fascinante attirait à lui toutes les attentions, alors même qu'un instant plus tard ses ennemis tombaient sous ses coups.
Un jour, le père de Félicia lui avait dit qu'il n'y avait rien de plus dangereux et intense qu'une bataille rangée, où des foules entières de soldats s'entre-tuaient pour leur patrie et leurs idéaux. Car le plus exceptionnel des talents individuels disparaissait dans la masse, qu'un allié pouvait causer votre perte sans même le vouloir et que la mort pouvait surgir de n'importe quelle direction sous n'importe quelle forme. Une lame perçant votre cuirasse, une flèche traversant votre gorge, une boule de feu vous incinérant sur place...peu importait, la vie et la mort ne se distinguaient alors généralement plus qu'à la chance, et il n'y avait aucune façon plus marquante de vider toutes ses pensées, de se laisser porter par ses instincts et le sentiment de devoir arracher son droit de vivre à la force de ses bras que de se battre au cœur de la mêlée.
Si la chevalière n'en avait plus le moindre doute pour avoir senti son propre cœur palpiter au rythme du tonnerre des combats, elle n'en fit en revanche pas l'expérience. Lorsque son escouade se joignit aux festivités, la première ligne s'impacta si brutalement avec un groupe de Chevaliers lourdement armurés de Daein qu'elle se prit un de ses propres camarades dans la figure, alors que le mouvement chaotique d'une ligne de bataille sans cesse harcelée par des Laguz aériens et des pluies de sorts mortels poussaient les guerriers les uns sur les autres sans faire de distinctions entre leurs origines, si bien que la jeune femme, si petites entre tous ces combattants plus féroces les uns que les autres, fut bousculée, renversée, baladée d'un bout à l'autre sans même avoir le temps de se relever parfois.
Un cri déchirant perça par-dessus le tonnerre de lignes s'entremêlées. Félicia profita d'avoir été bousculée hors de la rangée pour lever la tête pour voir une de ses consoeurs tomber. Sa monture avait été percée par un énorme trait et la pauvre cavalière criait de terreur alors que la gravité l'attirait inexorablement vers son destin. Son coeur se serra en voyant cette triste fin pour cette brave guerrière, alors qu'une autre s'engageait dans un furieux combat aérien avec un féroce Seigneur-wyverne. Le reptile s'agrippa à l'équidé volant dans un choc brutal, lacérant ses flancs en vagissant alors que le pégase se débattait et ruait, leurs cavaliers respectifs s'échangeant avec adresse alors que l'étrange affrontement se mettait à tourbillonner en chutant vers le sol. Plus agile, la chevalière parvint à enfoncer sa lance dans l'épaule du cavalier ennemi, qui riposta dans un grognement rageur en abattant sa hallebarde sur le cheval ailé. Dangereusement proche des lignes terrestres, le Wyverne libéra sa proie avant de déployer brusquement ses ailes, stoppant sa chute avant survoler en rase-motte les affrontements, zigzaguant pour esquiver quelques sorts qui lui infligèrent des blessures légères tandis que le pégase, accablé par ses blessures multiples et par la contrainte imposée par la terrible force du cousin des Dragons ne put rétablir son vol et s'écrasa parmi les fantassins.
Un escadron mené par un commandant céleste passa à basse altitude en formation serrée au-dessus des lignes alliées. D'un ordre, les soldates projetèrent une volée de javelines qui filèrent dans l'espace aérien, ratant de peu un guerrier monté, en direction d'une troupe de mages. La seconde d'après, l'officière pointa une direction sur un surplomb du champ de bataille avant d'aboyer de faire taire les balistes. Le temps d'un souffle plus tard, l'escadron ailé vira pour réduire au silence cette menace à longue distance avant de devoir décrocher à cause de la présence de mages de vent qui firent hurler les cieux. Malgré leur solide entraînement, l'une des chevalières succomba sous les sortilèges de leurs némésis, une lame magique fendant son armure dans une gerbe de sang alors que les ailes de sa monture tombèrent en lambeaux.

En retrait des premières lignes, Félicia regarda avec la gorge nouée les manœuvres des filles du ciel. En tant que soldate de leur ordre, et avoir elle-même essuyé les tirs anti-aériens, la jeune femme savait à quel point les flèches et la magie du vent étaient de terribles fléaux pour ses semblables. Dominant le champ de bataille sur leur promontoire, les massives balistes pouvaient représenter un élément-clé de la victoire car elles menaçaient de priver les forces de Begnion et l'Alliance Laguz de leurs forces ailées. Seulement, les troupes aériennes ne pouvaient pas s'approcher de l'artillerie ennemie à cause des mages de vent qui menaçaient de mort tout créature volante qui s'approcherait et les éléments rapides de l'infanterie, tels que la cavalerie ou les Laguz terrestres, étaient soient handicapés par le relief soit déjà engagé sur un front qui ne pouvait pas se passer de leur présence.
Une massive silhouette la percuta, la ramenant à la réalité avec violence en manquant de la renverser avant qu'un bras solide ne l'attrape par le col en l'entraînant en arrière. Elle essaya de se débattre, de retrouver ses propres moyens mais se fit traîner sur dix bons mètres avant qu'on ne la lâche enfin, la laissant retomber sur le cul. Félicia remonta son casque pour retrouver tout son champ visuel et remarqua que leur ligne de bataille commençait à se faire démanteler. Leur flanc avait été massacré et des renforts ennemis étaient arrivés sur leur formation et ils avaient commencé à se faire tailler en pièces.
Un officier cria à la volée de se replier sur le front principal et ne manqua pas d'être obéi. Malgré la retraite, la bataille ne marqua pas un seul temps mort et les ennemis tentèrent de faire une percée, les sortilèges et les traits massifs des balistes continuant à saturer l'espace aérien. Des guerriers en armure lourde se serrèrent épaule contre épaule pour éviter aux troupes en débandade de subir une percée qui conduirait à une issue dramatique. La jeune chevalière essaya de retrouver ses esprits, de comprendre un peu situation alors que des ordres et des cris fusaient dans tous les sens sous le fracas des armes et des rugissements de bataille.
Les morts et les blessés s'entassaient dans les deux camps. Quelques guerriers de front avaient fini par briser leurs armes et luttaient encore avec la force du désespoir à coup de bouclier, de poings gantés de fer ou même à l'aide de leur casque, attrapant le moindre truc à portée pour continuer le massacre. Dans le ciel, le combat faisait tout autant rage qu'au sol, les wyvernes et les pégases se croisant et s'entrechoquant au milieu des flèches et des sortilèges qui ne cessaient de fuser à tout va. Un guerrier se condamna lui-même en projetant sa lance sur un des reptiles volants qui passait en rase-motte, le déstabilisant en l'atteignant en pleine poitrine et le fit s'écraser sur lui.
Il ne restait plus aucune unité qui soit encore entière. Même les archers les plus reculés avaient subi des pertes. Un trio de leurs propres armes de soutien avait été anéanti par l'assaut conjugué de mages à longue portée qui firent pleuvoir la mort depuis l'autre bout du champ de bataille, alors que les survivants d'un escadron de Wyvernes qui subissaient leurs tirs depuis le début des hostilités décidèrent de le charger en beuglant de rage. La riposte fut cinglante, abattant deux des trois rescapés, mais le dernier arriva à portée et réduisit en miettes l'artillerie, sa wyverne envoyant voler en éclats la machine de guerre en l'espace de quelques secondes alors que son cavalier fauchait de sa longue arme ses artilleurs. Et encore, la situation évoluait tellement vite dans tous les sens qu'elle n'avait pas le temps d'essayer de comprendre quelque chose que tout avait déjà changé.
En regardant autour d'elle, elle put reconnaître un de ses camarades d'unité et s'empressa de le rejoindre. Il était agenouillé à côté d'un homme, l'un de son escouade, qui avait le regard vitreux et un énorme trou en travers de la poitrine. Félicia le reconnaissait, ces deux là étaient amis..
Elle s'accroupit à côté du survivant et lui posa une main sur l'épaule. Un champ de bataille n'était vraiment ni le lieu ni le moment pour se perdre dans ses pensées. Bien qu'elle n'était pas dans son véritable corps d'armée, on lui avait accordé de conserver son grade actuel, aussi se devait-elle d'empêcher aux autres de répéter ses propres erreurs.

"Viken...on le pleurera quand on l'aura vengé et qu'on aura gagné cette guerre dit-elle sur un ton qui se voulait assez doux, la jeune chevalière était incapable d'être dure avec quelqu'un qui traversait un moment si difficile mais le soldat demeurait immobile à se remémorer tous ces moments passés avec son ami qui ne rirait plus jamais "Viken, Viken regardes-moi. Il faut qu'on se batte, pour Begnion, pour l'Impératrice...Et pour lui, et tous les autres."

Le militaire releva lentement la tête, croisant son regard cette fois avant de hocher la tête, faiblement. Bien, il avait réagi, elle pouvait l'aider à se relever...enfin, moralement en tout cas, physiquement il devait faire deux fois son poids.

"Allez mon gros, on a du boulot ! Tu sais où est le sergent ?"
"Mort...comme Brassic"
"Ah..."

Elle préférait ne pas avoir les détails et n'eut pas vraiment le temps de penser à de telles horreurs. Elle était la plus gradée de l'unité après le sergent et Brassic, son véritable second...et en tant que telle, c'était à elle de diriger l'escouade - ou du moins ce qui en restait - désormais. Encore sous le choc de cette révélation, Félicia tourna la tête vers la colline d'où continuaient à tirer la batterie de balistes, à l'abri des charges terrestres à cause du relief et des assauts aériens grâce à ses mages. Ils semblaient bien défendus à première vue, mais une idée audacieuse lui traversa la tête alors que ses tripes lui criaient de mettre en pièces ces enfoirés de Daein qui tiraient ses soeurs d'armes comme s'il s'agissait de pigeons. La cavalerie ne pouvait pas la rejoindre, les Laguz étaient déjà mobilisé sur le front et les pégases ne pouvaient pas s'approcher...mais une petite unité discrète, si. Nerveuse, gagnée par le chaos ambiant, par cette force presque surnaturelle qui enveloppait chaque être ici présent et le poussait à essayer d'éviscérer celui en face de lui dans une colère presque folle, elle s'autorisa un sourire tordu.

"Hé Viken, ça te dit de devenir un héros ?"
"Quoi ? Qu'est-ce que tu racontes, la minette ?"
"Rassemblons vite le reste de notre unité, c'est l'heure d'entrer dans l'Histoire !"

Son coeur cognait à cent à l'heure dans sa poitrine alors qu'elle se releva, commençant aussitôt à essayer de rallier les survivants de son escouade, fébrilement. Sa vivacité et son optimisme redonnèrent un peu d'espoir à ses quatre compagnons survivants, dont un gravement blessé qui avait insisté pour venir, se contentant d'un soin rapide. Elle eut beau essayer de le dissuader, une espèce de folie semblait s'être emparée de son esprit...une dangereuse folie, mais fort heureusement entièrement tournée vers leurs ennemis.
Prenant le risque d'être accusée de désertion, Félicia les conduit à l'écart de la bataille sur un pas rapide, entamant un grand détour, cherchant un bon compromis entre la distance qui leur permettrait de se faire discret, et la nécessité de faire ça rapidement. Plus ils traîneraient, plus nombreuses seront les chevalières du ciel à tomber.
Elle leur fit signe de se débarrasser du matériel trop encombrant, visible ou bruyant, quitte à sacrifier plusieurs pièces d'armure dans l'opération. Elle même retira sa cuirasse et son casque, qui l'étouffaient depuis qu'elle les avait enfilé. D'abord sceptiques, ses hommes - ainsi que la fille, avec qui elle avait sympathisé - finirent par l'imiter. Ils se doutaient bien que de toute façon, s'ils ne se faisaient pas discrets leur manoeuvre serait aussi inutile que suicidaire, et ils préféraient suivre les ordres de leur supérieur direct, en dépit de sa provenance un peu houleuse, que de retourner se faire charcuter en première ligne en attendant la décision d'un commandant qui risquait de ne pas les remarquer, ou de errer bêtement sans savoir quoi faire.
Tous se débarrassèrent de leur heaume. Au vu du terrain forestier, et relativement dense, on préféra également troquer les lances contre les épées, sauf Félicia qui préférait sa bonne vieille hast. On abandonna tout ce qui était trop gênant, comme l'armure enfoncée et pliée de leur miraculé qui saignait encore de façon inquiétante sans que cela n'entame la flamme sauvage dans ses yeux. Une fois allégés de tout fardeau, la petite équipe progressa en se faisant tout petit après avoir effectué ce grand détour, se cachant de fourré en fourré, jusqu'à se plaquer contre l'arrière de la colline depuis laquelle tiraient les terribles balistes.
La chevalière était fébrile, ses doigts tremblaient et elle entendait de manière étouffée le fracas des affrontements, juste un peu plus loin pourtant, tant son sang bourdonnait fort dans ses oreilles. Elle haletait par ses lèvres entrouvertes et sèches, avant de les humecter en passant la langue dessus et de jeter un regard vers ses soldats. Ils semblaient dans un état proche du sien, attendant ses ordres. Félicia hocha la tête, puis commença à escalader la butte, ce que n'aurait pas pu faire la cavalerie, en démontrant son agilité une fois débarrassée de son encombrante armure. Derrière elle traînèrent un peu plus ses compagnons, mais ils lui collèrent au train jusqu'à ce qu'ils parviennent au sommet, se tapissant au sol alors qu'ils pouvaient apercevoir en levant la tête leur objectif.
Comme jamais auparavant, Félicia se sentit soudainement légère. Légère de tout, absolument tout. Sa vision semblait s'être étrécie, tout devant flou, blanc, avant de disparaître dans les contours de son champ visuel alors que ses cibles au contraire semblaient briller comme pour l'appeler. La bataille ne provoquait plus un vacarme assourdissant qui l'oppressait. Elle ne l'entendait même plus en fait, tout était devenu simple. Il y avait elle, ses potes, son arme et les leurs, et des trucs où les planter. La chevalière finit même par oublier ses compagnons et jusqu'à la raison qui l'avait conduite ici, sur ce promontoire, sur ce champ de bataille.
Elle ne donna même pas d'ordre et se contenta de charger, gravissant le peu de pente qu'il restait avant d'arriver sur un terrain plan en rugissant comme une bête sauvage. Avant que ses ennemis pris à revers et par surprise n'aient le temps de l'arrêter, elle planta sa lance dans le sol et s'en servit à nouveau comme d'une perche, s'élançant avec ardeur dans les airs pour bondir par-dessus les derniers obstacles qui la séparaient des machines de tir et de leurs artilleurs. Durant la seconde où elle se joua de la gravité, Félicia se sentit heureuse. Puis elle retomba sur un des tireurs et lui enfonça son arme à travers la poitrine, la légère armure de cuir qui couvrait son torse ne parvenant même pas à freiner l'hast qui se planta profondément à travers ses organes vitaux tandis qu'il s'écroulait, écrasé par cette fille tombée sur ciel.
Frappant du pied sur le cadavre, elle en délogea son arme avant de tourner sa fureur jouissive vers une autre cible. Les artilleurs commençaient à prendre la suite, ils n'étaient pas armés ni formés pour combattre au corps à corps, et les compagnons de la chevalière l'avaient imité alors qu'elle s'élançait contre les guerriers de Daein. Un deuxième tireur était déjà tombé sous les coups de leur soldat blessé, qui n'en demeurait pas moins une véritable furie qui tailla en pièces le pauvre homme à grand coup d'épée. Un troisième n'allait pas tardé à mourir, coursé par Viken qui s'avérait être un redoutable sprinter.
Ses cibles initiales ayant été éliminées ou s'étant échappées, Félicia s'intéressa aux mages qui s'étaient retournés vers eux et commençaient à formuler leurs sorts pour se débarrasser de cet assaut désespéré, mais néanmoins efficace pour le moment. Inspirée par un instinct sauvage, elle projeta sa lance vers le sorcier le plus proche. La pointe se ficha dans sa poitrine, l'interrompant net et le faisant tomber à la renverse. Quelque part dans cette vision complètement blanche où n'existaient que ses propres cris, elle aperçut leur Rambo de service qui fonça sur les anciens protecteurs des balistes.
Et les premières lames d'air filèrent.
Elles tailladèrent le guerrier déchaîné, faisant gicler des trombes de sang alors qu'elles le lacérèrent mortellement, lui faisant mettre de force un genou à terre. Il aurait du tomber à ce moment, mais sa rage lui interdisait de mourir si facilement. Il se savait condamné, ou bien l'avait-il simplement oublié à cause de cette fureur dévorante et il se releva, sautant plus qu'il ne courut sur la cible la plus proche, lui enfonçant son épée si fort en travers du crâne qu'il manqua de la briser, avant de s'écrouler pour rendre son dernier soupir. Vyna, l'autre femme qui avait survécu jusqu'alors, s'était elle jeté à terre lorsque la première salve de magie vola, et essaya de se relever pour abattre au moins un adversaire mais ne parvint qu'à blesser modéré l'un des mages avant d'être dépecée vivante. De son côté, Viken avait évidemment rattrapé et massacré l'artilleur qu'il coursait, puis s'était relevé pour affronter les soldats qui venaient en renforts. Pour l'histoire, il réussit à en blesser deux avant de succomber à leurs assauts.
Félicia elle n'avait plus d'arme et plus d'armure. Une des lames de vent magique passa à dix centimètres au-dessus de sa gorge, entaillant profondément sa joue. Une véritable tempête souffla ensuite tout autour d'elle, la renversant en arrière alors que ses chairs se déchiraient en de multiples endroits, allant de la simple égratignure à une blessure handicapante comme à sa jambe qui ne garda une chance de pouvoir se rétablir que grâce à l'épaisseur du pantalon de cuir, qui n'arrêta en revanche pas suffisamment l'attaque et cloua au sol la jeune femme...même si la blessure à l'abdomen qu'elle encaissa ne lui aurait pas autorisé à se relever.
Sur le dos, incapable d'un seul coup de remuer un doigt, Félicia contempla le ciel qui lui avait un jour tendu les bras. Un peu plus loin, elle eut le sentiment d'entendre une femme crier quelque chose. Cela n'avait plus d'importance désormais, la chevalière était simplement là, à regarder pour la dernière fois les nuages...jusqu'à ce que ceux-ci s'embrasent d'une puissante lumière.
Le jugement avait été rendu.


Lorsque Félicia reprit connaissance, elle était alitée. Ses blessures avaient été nettoyées, soignées puis pansées, et même si elle n'avait plus la force de se relever au moins sa vie n'était plus en danger. Quelques heures après son réveil, une infirmière passa pour relever son état et elles purent échanger quelques mots. Suite à ses blessures, la chevalière avait perdu connaissance et ne gardait comme dernier souvenir de la bataille qu'un grand flash dans le ciel.
La guérisseuse la mit au courant des derniers événement et la jeune femme n'en crut pas ses oreilles. Suite à la guerre qui avait inclut tous les peuples de Tellius, les déesses s'étaient éveillées. Ce fut un premier choc en apprenant qu'il y avait une déesse du chaos, alors qu'on ne lui avait jamais parlé que de la Sainte Ashera, et que c'était cette dernière qui avait envoyé cette lumière à travers les nuages, lumière qui avait apparemment pétrifié quasiment tout Beorc ou Laguz du continent avant d'être semble-t-il vaincue par Ike et quelques autres héros exceptionnels.
Félicia ne cessa de tomber des nues. L'idée que la grande déesse puisse être rencontrée la troubla, et qu'elle put être défaite encore plus. La chevalière voulut alors se lever, elle avait des milliers de questions à poser, mais ses blessures encore trop fraîches la clouèrent au lit. Bienveillante, l'infirmière accepta de lui envoyer quelques personnes, dans les jours qui suivirent, pour la tenir au courant des nouveautés. Le statut de la guerre, les relations actuelles entre les différents pays, les survivants...
L'héritière des Fayst grogna à chaque fois qu'il fut fait mention de Daein. D'une manière ou d'une autre, Félicia considérait cette nation comme responsable de tous les maux de Tellius - à part les Laguz, dont le concept de "maux" était à définir - et ne put se réjouir lorsqu'on lui annonça que la paix avait regagné le continent. Le bilan des dommages était assommant, tant en pertes matérielles qu'humaines, et même celles de Daein lui firent mal au cœur.
Puis les jours suivants, elle resta sagement au lit, ne recevant que peu de visites car dans cette après-guerre tout le monde était occupé. Ses blessures l'empêchaient de bouger, alors la jeune femme réfléchissait. Durant les très longues heures, des très longs jours qui s'écoulèrent durant sa convalescence, elle repensa à toute cette histoire, à son parcours depuis qu'elle avait rejoint l'armée, à ses espoirs, ses erreurs et à ceux qui en avaient payé le prix avec elle. Elle commença à culpabilisée, rongée par le remord, puis les regrets avant d'en venir à se dégoûter d'elle-même.
Chaque fois que Félicia fermait les yeux, elle revoyait le visage de ceux qui lui avaient fait confiance, sans parler des cauchemars qui la hantèrent avec une inflexible intensité. Souvent, la chevalière se réveilla en délirant, paniquée et en sueur. Elle rouvrit même une de ses plaies une fois et les soigneurs durent la plaquer sur le lit avant de lui faire prendre de force des calmants.
Quant elle put à nouveau marcher, elle se rendit en premier lieu à l'église la plus proche pour y prier de tout son être, et d'adresser ses pensées à la Déesse et aux victimes de cette guerre, et en particuliers aux siennes, leur demandant pardon à tous, des heures durant, agenouillée devant une statue d'Ashera jusqu'à ce qu'un prêtre vienne la secouer par l'épaule alors qu'elle pleurait toutes les larmes de son corps.
Dans ces terres consacrées, et avec le soutien de sa famille, Félicia essaye de remonter la pente et de se remettre psychologiquement de cette douloureuse expérience, mais sans succès. Plus on la soutenait, moins elle avait le sentiment de le mériter et contrairement à ce qu'on dit, le temps ne l'aida pas à oublier et ça envahissait sa vie au quotidien. Chaque personne qu'elle regardait, chaque mémorial qu'elle rencontrait, chaque statue de la Déesse qu'elle apercevait la renvoyait à ces horreurs qui la hantaient. La pauvre fille en perdit l'appétit, le sommeil et sa détermination. Elle n'osait même croiser le regard des autres, trop honteuse de ses propres actes.

Lorsqu'elle alla enfin faire son propre rapport à ses supérieurs, sa voix tremblait et elle peinait à tenir en place. On la réprimanda bien évidemment, pour sa témérité absurde, surtout au vu de son passé, ce qui ne fit qu'enfoncer le clou et elle ne put s'empêcher de tomber en sanglots. Mais contrairement à ce qu'elle pensait, on ne la bannit pas, ne la fit pas fouetter pour son erreur ni autre punition sévère. En fait, on s'avéra même...étonnamment gentil avec elle. Elle écopa de quelques sanctions, mais compte-tenu de la situation exceptionnelle on ne lui tint pas rigueur de son impulsivité.
C'était un soulagement, surtout qu'on l'invita à continuer à se reposer pour se remettre de cette catastrophe...seulement Félicia ne parvenait pas à se pardonner elle-même de ce qu'elle avait fait, et plus le temps passait, plus ce sentiment la rongeait. La jeune femme passait des journées entières à errer dans les champs ou les rues de la ville, à prier, agenouillée devant un autel ou à se retourner encore et encore sur sa couche solitaire. Mais rien n'y faisait, quelque chose la hantait ici, et l'empêchait de vivre.
Félicia dut se résoudre à partir, à quitter son foyer et son métier. Elle en parla à ses parents, et si sa mère dit qu'elle allait prier pour qu'elle puisse trouver la paix, son père lui se braqua férocement. Même après avoir passé des jours à fondre en larmes, et à connaître des crises d'angoisse à toute heure du jour ou de la nuit, son géniteur refusa qu'elle s'en aille ainsi, n'hésitant pas à la traiter de tous les noms.
La chevalière alla faire part de sa décision à ses officiers, qui se montèrent assez compréhensifs. Ils n'approuvaient pas qu'une de leurs soldates décide de partir comme ça, mais ils préféraient cela à une guerrière complètement traumatisée. Son père continua à ne pas l'entendre de cette oreille et la menaça de la déshériter, voire de la renier si elle s'enfuyait aussi lâchement, si bien que la pauvre fille n'eut pas le courage de partir la tête aussi haute que possible et quitta son foyer durant l'absence de son géniteur, mais au moins avec la bénédiction de sa mère qui veilla à en faire un maximum pour elle, inquiète de l'avenir de sa fille tourmentée. Elle lui offrit un baume de soin et l'invita à emporter tout ce dont elle pourrait avoir besoin, notamment son ancienne armure de chevalière du ciel et au moins un minimum de nécessaire, avant de l'encourager à garder la foi. Car même cette guerre pouvait amener un avenir meilleur, car ainsi la Déesse avait souhaité que de toute chose pouvait découler quelque chose de bon.

Ainsi, avec le soutien et l'amour de sa mère et l'accord de ses supérieurs, à défaut d'obtenir l'aval de son père, Félicia quitta tout ce qu'elle connaissait jusqu'alors et s'aventura à travers le vaste monde, dans l'espoir de pouvoir surmonter les spectres qui la hantaient.
Mais la vie ne fut pas aussi clémente que la prêtresse qui l'avait portée et mise au monde. Ces cauchemars et ses angoisses continuèrent à lui coller à la peau alors qu'elle voyageait au moins à travers Begnion, n'osant pas mettre les pieds sur un territoire Laguz et encore moins à Daein, et que la vie à le dure fit son oeuvre. Des bandits, des menteurs, des escrocs...elle rencontra toute sorte de gens, y compris des misérables qui n'avaient plus que leurs yeux pour pleurer et cela lui mina encore plus le moral. Bien sûr, Félicia croisa la route de gens bien également, des êtres bons et généreux qui lui offrirent un toit et un peu de pain et de soupe alors que la pluie tombait en de froides nuits, mais ça ne suffisait pas.
Un soir, alors qu'elle était en passe de subir une crise d'angoisse qui la réveillerait en hurlant pendant la nuit, un homme l'aborda à l'auberge où elle s'était arrêtée. Au début répugnée par son manque de manière et sa forte odeur d'alcool, l'ex-chevalière accepta cependant de l'écouter. Malgré son état d'ébriété avancé, il semblait...gentil, et lui paya un coup à boire en lui disant que ça lui changerait les idées. Félicia fronça tout d'abord les narines, peut encline à cette suggestion...mais elle n'avait plus rien à perdre, et si ça pouvait effectivement l'aider, ne serait-ce que le temps d'un soir, à oublier ses problèmes, alors ça valait la peine d'essayer.
Honnêtement, Félicia garde des souvenirs assez flous de cette soirée. En revanche elle se souvient très bien de l'abominable gueule de bois du lendemain. Elle fut si malade qu'elle pensa être dégoûtée à tout jamais de l'alcool...mais plusieurs mois plus tard, alors qu'elle sanglotait pour un oui ou un non tant elle était tendue, elle se laissa aller à la tentation de se vider la tête encore une fois, la pauvre n'en pouvait plus...et de fil en aiguille, soirée après soirée, la bouteille commença a avoir des allures de remèdes, quand bien même la jeune femme savait que c'était parfaitement faux. Une fois ivre au moins, le temps passait plus vite, et elle pensait moins souffrir...enfin, jusqu'au lendemain en général.
C'est d'ailleurs durant de pareilles soirées qu'elle fut surnommée "Lucia", à cause d'un malentendu. Lorsqu'elle commençait à rouler sous la table et qu'on lui demandait son nom, elle bafouillait péniblement son identité, et entre la maladresse d'une langue bourrée et les oreilles bouchées de poivrots réguliers, on comprenait vite "C'est Lucia"...approximativement.

La picole ne fut pas son seul problème dans cette nouvelle vie qui ne parvient pas à guérir ses anciennes blessures. Comme dit plus haut, elle rencontra de nombreuses embûches sur son chemin. Une jeune femme seule, même armée, et parfois bourrée, représentait une cible de choix pour tous les vautours du monde. Sans parler des bagarres de taverne dans lesquelles elle se retrouva parfois embarquée pour des raisons souvent floues. Félicia récolta ainsi son lot de périls et de cicatrices, épuisant bien vite le baume guérisseur de sa chère mère, mais conserva la boîte, en souvenir de sa famille.
La fille du ciel multiplia aussi diverses expériences, par curiosité, pour essayer de se changer les idées ou par erreur, souvent sous l'influence d'un verre de trop d'ailleurs. C'est au cours d'une soirée un peu trop arrosée qu'elle fit l'expérience de la sexualité, y compris avec une femme quelques années après le début de son périple. Mais plus elle y pensait, plus elle se sentait sale et désorientée, alors Félicia buvait encore et essayait de filer aussi loin que possible car elle n'avait vraiment pas besoin de rajouter encore des tares à son pathos...

Mais même dans ses pires moments, durant toutes ces années, elle n'a cessé de garder l'espoir grâce à la foi, priant chaque jour que vienne un jour l'heure où elle trouverait le pardon et la paix. Même si c'est pas encore gagné hein, et c'est pas ce hibou rose sur votre épaule qui dira le contraire...
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