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Nouveau départ [RP @Félicia]

Sébast Arviel
Sébast Arviel
Nordien Improbable.
Messages : 19
Classe : Conteur
Dim 20 Jan - 18:40
Sébast Arviel
Cela faisait seulement quelques jours que Lyannaye avait quitté Mélior. Obéissant à sa mère, elle avait pris le Cela faisait seulement quelques jours que Lyannaye avait quitté Mélior. Obéissant à sa mère, elle avait pris le chemin de l'aventure pour prouver sa valeur, non seulement à elle-même, mais aussi à ceux qu'elle rencontrerait. C'est avec cette idée en tête qu'elle se retrouva donc assez loin de la ville qui l'avait vue naître. Certes, elle n'était clairement pas assez loin pour quitter le pays, mais elle avait tout de même la conviction d'avoir fait du chemin.
Plusieurs éléments le lui indiquaient. Le premier, bien sûr, se référait à ses sens, et en particulier à sa vue. Elle ne voyait pas de lieu connu, même dans ce que ses études lui avaient enseigné. Rien ne valait l'étude de terrain, avait même écrit un des auteurs. Et Lyannaye devait bien admettre qu'elle avait raison. Une autre indice était les odeurs. Elle les sentait. En ce début d'automne, l'humus avait une odeur forte, et qui lui faisait du bien. Elle se sentait proche de la nature, et cela lui apportait un grand réconfort.
Un autre indice était le comportement de Xander. L'étalon piaffait par moment, sans raison apparente, même si la fatigue commençait à se faire sentir. L'animal ne pouvait pas parler, mais Lyannaye prenait tout juste conscience qu'elle le faisait avancer sur un route qui avait été agréable au départ, mais qui s'était finalement révélée très accidentée, empli de creux et de bosses. Pour elle, le voyage avait été confortable, mais pour Xander, elle s'en rendait compte maintenant, cela avait dû être un vrai cauchemar! Tirant sur les rênes, elle le mit au pas, avant de le faire s'arrêter sur le côté de la route. Descendant de selle, elle se sentit misérable. Elle n'avait jamais été douée avec les chevaux, et jamais on n'avait dit d'elle qu'elle pourrait faire une bonne cavalière. Après tout, l'un et l'autre étaient incompatibles. Xander avait beau être ferré, ses sabots étaient abîmés par endroits, et il devait sûrement en tirer une forte souffrance. Ajoutez à cela le souffle lourd mais rapide de la bête, et vous comprendrez immédiatement que le pauvre cheval n'en pouvait plus. Après tout, cela faisait 6 heures que Lyannaye le faisait chevaucher au trot sans la moindre pause...
C'est presque la larme à l'oeil que Lyannaye le mena vers un endroit plus calme, où la végétation rase pourrait apaiser sa douleur. Elle eut également l'agréable surprise d'entendre le bruit d'un ruisseau. Le cheval, également alerté par ses sens, se laissa convaincre de suivre sa maîtresse sur la vingtaine de mètres qui le séparaient de l'eau, source de vie et de réconfort. Une fois sur place, l'animal se mit à boire comme si sa vie en dépendait. Lyannaye, elle, retira ses gants et cueillit de l'eau dans le creux de ses mains, buvant lentement. Malgré que l'automne soit là, il faisait toujours chaud pour qui voyageait sans se protéger du soleil.
Il lui vint alors l'idée de se nettoyer le visage dans l'eau claire, ce qui lui apporta un réconfort réel et conséquent. Son regard suivit alors le fil de l'eau, lui offrant alors la surprise de voir un petit bassin, qui pouvait aisément contenir assez d'eau pour un bain. La baignoire à laquelle elle était habituée lui manquait cruellement, et elle décida de profiter de l'occasion. Pièce par pièce, ses vêtements atterrirent sur la selle de Xander, alors que l'animal veillait attentivement au moindre son hostile. Sa maîtresse se laissa alors glisser dans l'eau, frissonnant. Son petit corps frêle ne laissa bientôt dépasser que les épaules, alors qu'elle succombait à la fraîcheur de l'eau, fermant les yeux avec un soupir d'aise...
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Félicia
Félicia
Messages : 20
Lun 21 Jan - 22:05
Félicia

Les temps, comme les oeufs, sont durs, c'est le moins que l'on puisse dire pour Félicia. Un peu plus d'un an plus tôt, elle avait entrepris de reprendre sa vie en main grâce à une merveilleuse rencontre. Au hasard de ses errances, la minette avait fait la connaissance de Liyu, une barde - et mère - tout aussi malheureuse qu'elle...non, bien plus qu'elle en vérité.
Et pourtant, elle avait offert son aide à la déserteuse et même son amitié avec le temps. Ensemble, avec la petite gamine que la musicienne trimballait partout, elles se soutinrent l'une l'autre face à leurs démons et s'efforcèrent de garder la tête haute...
Ce qui ne fut pas chose facile, particulièrement au printemps, lorsque morts se sont levés pour assiéger Siennes, la capitale de la patrie de Félicia...et sa ville natale. Sanaki avait frôlé la mort, les remparts s'étaient effondrés, des milliers de vies avaient été balayées en quelques heures dans une marée de corps animés qui crachait au visage de tout ce qui est bon et sacré.

Des semaines, des mois durant, l'ancienne chevalière du ciel avait été inconsolable. Du matin au soir, Félicia culpabilisait de ne pas avoir été présente pour défendre son foyer, de l'avoir abandonné une fois de plus. Chaque jour elle était tentée de tout abandonner pour courir jusqu'aux ruines de sa cité et chercher ses parents, ses anciens amis, pour au moins chasser ce horrible doute qui lui serrait la poitrine : Avaient-ils succombé à la lame du Chevalier de la Mort ? S'étaient-ils retournés les uns contre les autres ?
Mais chaque jour, la même angoisse la stoppait. Elle n'avait tout simplement pas le courage d'affronter la réalité en face, et encore moins le regard de ses semblables qui avait vécu le véritable enfer pendant qu'elle se morfondait dans son coin.
Félicia rechuta également dans l'alcool, vidant choppes et larmes du soir au matin, plus souvent que de raison, s'enfonçant toujours plus loin dans son misérabilisme. Malgré la présence de son amie - la seule qu'il lui restait d'ailleurs - la lancière ne parvenait pas à remonter la pente. Elle n'osait même plus regarder son reflet dans une glace.

Les choses empirèrent de plus belle lorsque le tueur de dragon refit son apparition, à Criméa cette fois, commandant à une troupe de chair et de sang plutôt que de mort-vivants. Il était tout proche, si proche qu'elle aurait pu venger son honneur et sa patrie. Bien sûr, Félicia savait qu'elle y laisserait la vie, si elle se dressait contre Death...mais au moins, elle se serait battue.
Sauf qu'elle n'en fit rien. Au contraire, quand elle apprit que l'invincible guerrier approchait, la chevalière trouva tous les prétextes du monde pour éloigner Liyu, son enfant, et surtout elle-même du nécromancien. Elle avait fui, la queue entre les jambes pour aller se cacher, aussi loin que possible.
Son état ne fit qu'empirer depuis lors, jusqu'à ce qu'elle perde tout goût à la vie. Douée d'une infinie bonté malgré ses souffrances, la Barde la dissuada maintes et maintes fois de commettre une véritable erreur...et la rattrapa même à deux reprises, lorsque le vin triste ou la dépression la poussèrent à bout.

Puis le temps passa, les tensions s'aggravèrent entre les nations et les peuples et Félicia se résolut à accomplir quelque chose de bien dans sa vie, quelque chose dont elle pourrait être fière avant de mourir, que ce soit de la main d'une créature au pouvoir infini, ou de la sienne.
Elle réussit à sortir la tête hors de l'eau, grâce à son amie, et un peu aussi grâce à la petite créature babillante qui adorait lui tirer les cheveux. Cela ne soulagea ni son moral, ni sa culpabilité, mais à nouveau elle essaya de trouver un sens à son existence. Toutefois, le temps de cette merveilleuse présence touchait à son terme...
Félicia parvint, après de nombreuses semaines, à convaincre Liyu de s'installer près des côtes, à l'extrémité la plus excentrée de Criméa. Le paysage y était magnifique, le climat exquis, le vent marin rafraîchissant...et surtout, c'était tout. Pas de grande cité, pas de ressources précieuses, pas d'armées puissantes...typiquement le genre d'endroit, l'espérait-elle de toute sa foi brisée, que les sinistres Cavaliers n'iraient jamais attaquer.
Infiniment reconnaissante de tout ce que la musicienne lui avait apporté, la déserteuse l'aida à s'installer, à trouver le bon village, avec des voisins agréables, et même à nouer quelques contacts tant bien que mal...même si dans cet art, une fois de plus, la barde était bien plus douée qu'elle.

Puis, elle lui fit ses adieux. Des adieux qu'elle avait repoussé pendant encore des semaines, terrifiée à l'idée de se retrouver à nouveau seule, de s'éloigner de sa chère amie. Elle avait le sentiment qu'elle allait mourir si elle s'en éloignait...et ce n'était peut-être pas si loin de la vérité, songea la lancière en portant la main à sa gorge, autour de laquelle elle avait auparavant passé une corde, dans un espoir que la souffrance s'arrête.
Quand elle se résolut enfin à partir à nouveau sur les routes...la minette se sentit aussi perdue qu'avant sa rencontre avec Liyu. Sans talents, sans destination, sans foyer...qu'est-ce qu'elle pouvait bien faire ?

L'automne avança sur Tellius, et ses brises humides annonçaient déjà le froid à une jeune femme qui n'aimait pas l'hiver. Pourtant, elle continua à errer, serrant un épais manteau autour de sa maigre chair, en attendant de rencontrer son destin, un signe miséricordieux que lui enverrait la Déesse, qui avait déjà daigné placer la jeune mère sur son chemin.
Elle espérait retrouver la foi, le courage...n'importe quelle valeur dont elle avait porté fièrement les couleurs autrefois, à dos d'un magnifique pégase. Mais ce n'était pas gagné...

Et aujourd'hui, en ce jour à la quiétude trompeuse, Félicia errait encore. Les joues creuses à cause de la malnutrition et les yeux cernés par la fatigue, à cause des cauchemars qui la faisaient se réveiller en hurlant, trempée de sueur, en plein coeur de la nuit.
Percevant le bruit d'un cours d'eau, l'ancienne chevalière jaugea intéressante l'idée de s'abreuver et se rafraîchir dans une onde claire. Elle avait beaucoup marché, et la soif l'épuisait. Et puis, le coin paraissait tranquille, lui aussi. En espérant que ce ne soit pas un piège...
Un doute qui l'assaillit bien vite, lorsqu'elle aperçut un cheval, domestiqué, près du ruisseau. Méfiante, elle serra sa lance contre elle alors qu'elle se mit à trembler comme une feuille...mais l'animal était seul. Une observation qui lui donna le maigre courage d'avancer, avec une prudence frôlant la paranoïa, car cela signifiait que son propriétaire l'était très certainement aussi. Ce n'était donc pas une bande de hors-la-loi sauvages prête à lui faire subir les pires outrages.

Toutefois, où était-il, ce fameux propriétaire ? Félicia le chercha du regard, sans succès. L'endroit était désert. Sans doute s'était-il accordé une pause-pipi, élément mine de rien indispensable à tout trajet, en particulier en des contrées isolées.
Un clapotement attira son attention, lui faisant poser les yeux sur le petit bassin un peu plus loin...et la fit rougir en se détournant, confuse.


"Oh ! Pardon ! Je...je ne vous avais pas vue !"

Il y avait là une jeune femme...peut-être même encore plus jeune que prévue, qui se baignait tranquillement dans le plus simple appareil. Une vision des plus gênantes, faisant bafouiller la minette de honte pour avoir dérangé dans un moment de détente une parfaite inconnue.
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Sébast Arviel
Sébast Arviel
Nordien Improbable.
Messages : 19
Classe : Conteur
Mar 22 Jan - 15:31
Sébast Arviel
L'eau était froide, glaciale, d'une température marmoréenne. Jamais de sa vie Lynnaye n'avait ne serait-ce que trempé les pieds dans une eau d'une telle température. A peu de choses près, elle aurait pu se persuader qu'elle nageait dans un lac glacé. L'étincelle de l'instant lui fit regretter les bains chauds auxquels elle avait droit lorsqu'elle vivait encore à Mélior, auprès de sa mère. Elle pencha sa tête en avant, plongeant la visage dans l'eau, avant de la relever, laissant l'eau ruisseler sur ses longs cheveux blonds. Chaque larme algide tombait, clapotait depuis son menton vers la surface de l'eau, lentement, avec un calme qui serait sûrement dérangeant dans d'autres circonstances.
Une fois que chacun de ses muscles commença à crier grâce à cause de la fraîcheur de l'eau, Lynnaye se redressa dans l'eau, son corps ayant eu une tendance à l'horizontalité lors de sa baignade. Cela n'avait rien d'extraordinaire, d'ailleurs. Dans les bains susmentionnés, elle avait pris l'habitude de faire la planche, lors de certains jours où elle pouvait réellement prendre son temps.
Mais un rayon du soleil, passant entre deux branches, fut réverbéré par l'eau, éblouissant légèrement la jeune fille, avec pour effet de la ramener à la réalité. Clignant des yeux, elle commença à se diriger vers la berge, avant d'être interrompu par un craquement venu de devant.
Xander avait visiblement remarqué quelque chose, et piaffait doucement, l'un de ses sabots grattant légèrement le sol. Mais elle venait également de réaliser que quelque chose n'allait pas. Les oiseaux s'étaient tus, et plus un son ne provenait de la canopée.
Dans de telles conditions, la jeune fille commença à avoir peur. Peut-être devrait-elle attraper son épée, ne serait-ce que pour se protéger? Pivotant alors sur elle-même, elle aperçut alors la silhouette d'une femme dont le visage ne lui inspirait rien. Celle-ci, d'ailleurs, s'excusa d'avoir dérangé Lynnaye, qui quitta précipitamment l'abri de l'eau, s'enroulant prestement dans sa cape en espérant que l'inconnue n'ait rien vu. Après tout, elle était sensée être UN Chevalier! Si l'inconnue apprenait son véritable sexe, c'en serait finie de sa belle épopée avant même qu'elle ne commence!


-Qui... Qui êtes-vous?

Lynnaye n'était absolument pas tranquille. En effet, elle était pourtant persuadée de ne pas avoir été suivie, aussi se posait-elle bien des questions! Comment cette femme pouvait-elle arriver dans son dos sans qu'elle ne l'ait remarqué?
Toutefois, elle se morigéna bien vite. Après tout, elle se savait inexpérimentée, mais elle ne se pensait pas aussi facile à surprendre. Dans tous les cas, elle gardait l'inconnue à l’œil, prête à dégainer au premier geste suspect de sa part.
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Félicia
Félicia
Messages : 20
Mar 22 Jan - 16:58
Félicia

Oh misère, la pauvre fille paraissait aussi troublée qu'elle. Après tout, c'est plutôt normal ! Si elle-même se prélassait à poil au milieu de nulle part, à la merci de n'importe quelle racaille, et qu'une pouilleuse décoiffée, avec des cicatrices lui mangeant la moitié du visage, lance à la main, débarquait...il y avait de très fortes chances pour qu'elle parte en hurlant.
En preuve de sa bonne volonté, Félicia resta à distance plus que prudence de la gamine qui devait avoir...quoi...quinze ans ? Pauvre môme...en tout cas, elle avait le coeur bien accroché pour rester à peu près calme malgré son arrivée très peu subtile.
Osant tout de même lui faire face - car la minette considérait comme extrêmement impoli que de parler à quelqu'un en lui tournant le dos - malgré ses joues rouges comme des tomates, l'ancienne chevalière cala sa lance sur son épaule pour la garder à portée, des fois que la jeunette soit agressive, tout en affichant clairement qu'elle n'était pas venue se battre tandis qu'elle présentait ses mains ouvertes en gage de franchise.


"Je suis désolée ! Je voulais simplement m'arrêter près du ruisseau pour me rafraîchir, je ne te veux aucun mial !"

Stressée comme elle l'était, la lancière était probablement la plus nerveuse des deux...et pourquoi il n'y avait pas de quoi ! Elle faisait face à une enfant, armée d'une pauvre épée, tandis qu'elle portait une lance et était une ancienne militaire ! Cela dit, pour livrer bataille, il faut posséder un solide mental...et celui de la minette était actuellement plus troué qu'un gruyère. A tel point que même son vocabulaire se barrait en sucette, la faute à son fichu surnom qui lui collait à la peau.
Un doute l'assaillit bientôt, et Félicia balaya son regard sur les environs. Et si c'était un piège ? C'était parfaitement improbable, mais...et si une bande se servait de cette toute petite et fragile créature pour appâter des voyageurs, leur faire baisser leur garde, et les assaillir avec sournoiserie ?
Nerveuse, tremblante même sur ses jambes en s'attendant à voir à tout instant surgir des fourrés une horde de guerriers féroces, la déserteuse se força malgré tout à se raisonner. Le lieu n'était pas propice à ce genre d'embuscade. Le terrain s'y prêterait relativement bien...mais pas la position. Trop loin des grands chemins, il n'y avait aucun intérêt à agresser des voyageurs solitaires sans le sou...


"Dis-moi petite...tu...tu es vach'ment courageuse de voyager toute seule, ainsi. Tu n'as pas peur ?"

Ah, l'insouciance de la jeunesse...elle aussi avait connu ça, et en repensant à son propre passé, Félicia se sentit encore plus déprimée qu'avant en ressassant à nouveau les nombreuses et - très - regrettables erreurs commises.
Elle se mordit la lèvre pour se châtier, lorsqu'elle réalise que non seulement sa voix chevrotait, mais qu'en plus, son habitude de fréquenter badauds et piliers de comptoir avait saccagé son langage, l'amenant à tronquer certains mots. Bel exemple pour la jeunesse, Félicia...
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Sébast Arviel
Sébast Arviel
Nordien Improbable.
Messages : 19
Classe : Conteur
Mar 22 Jan - 20:24
Sébast Arviel
L'incompréhension la plus totale venait de saisir Lynnaye. Non seulement l'inconnue n'avait pas l'air de vouloir se battre, mais en plus, elle semblait encore plus confuse! En d'autres circonstances, elle aurait probablement tout arrêté pour aller la rassurer, tant son expression était troublante! Profitant toutefois de cette légère latence, Lynnaye se déplaça, passant derrière Xander pour se rhabiller. L'ensemble de cette manœuvre lui prendrait probablement quelques minutes. Et régulièrement, elle se giflait mentalement. Elle l'avait vue nue!
Lorsque enfin elle s'estima visible, c'est à dire seulement une fois qu'elle était totalement habillée, elle se résigna à quitter l'abri que représentait la silhouette de Xander. Une fois habillée, elle avait certainement meilleure allure, bien qu'elle n'ait pas prononcé un mot.
Dans cet intervalle de temps, elle avait commencé à ressentir de l'amusement. L'inconnue lui rappelait un ami d'enfance, Nathanaël, qui avait tendance à prendre un accent bien à lui lorsqu'on le grondait. Cette pensée lui tira un petit sourire, qui n'allait toutefois pas jusqu'à atteindre ses yeux. Droite dans ses bottes, elle fit face à la lancière.


-Mon nom est Lynnaye Fayrann, fille de Abidon Fayrann. Je voyage pour prouver au monde que même malgré mon âge, je peux prouver que je n'ai pas peur de l'aventure!

Le tout avait été dit avec un cran assumé. Cela allait de soi, mais Lynnaye n'était pas le genre de personne que l'on effraie facilement. D'autant que l'inconnue était seule et même si elle était très forte, elle n'aurait pas l'avantage du nombre!
Mais une pensée frappa Lynnaye. L'inconnue ne s'était pas présentée, et un frisson la parcourut. Était-elle de ses détrousseurs qui ne disent pas leur nom, vous approchent, puis vous poignardent sans que vous ne connaissez leur identité? Il n'y avait qu'une façon de le savoir! Campée sur ses bottes, une main posée sur le nez de Xander, la jeune fille regarda intensément l'inconnue dans les yeux.


-Et vous, qui êtes-vous? Je ne vous demande pas votre nom complet ni d'où vous venez. Je ne veux savoir que votre vrai nom!
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Félicia
Félicia
Messages : 20
Mar 22 Jan - 21:19
Félicia
Ce qu'on pouvait dire, c'est que la gamine avait du être torchée dans la soie. Sitôt les premières confusions passées, la voilà qui essaye de se grandir, droite comme un piquet en déclamant haut et fort son nom et celui de son père, comme si cela devait lui apporter du respect, voire de l'admiration...mais hélas, Félicia était bien ignorante de sa famille...et à vrai dire, au vu des événements récents, la minette s'en fichait comme de ses premières chaussettes.
Au moins, c'était rassurant. Plutôt qu'un appât, ce n'était qu'une jeune folle comme tant d'autres, rêvant d'aventures et de liberté dans un monde plein de règles et de devoirs contraignants. Pourtant, elle resta méfiante et lui demanda à nouveau son nom...d'une très étrange façon. Exiger la véritable identité de quelqu'un, en prétendant se moquer à la fois de son origine et du patronyme, tout en présentant les siens était...perturbant.


"Ah ! Pardon. Je m'appelle Félicia Fayst."

Bien, les présentations étant faites, c'était plutôt encourageant. Selon toutes probabilités, l'une comme l'autre repartiraient de cette rencontre en conservant leur intégrité physique. Cela dit, la gamine paraissait un peu trop téméraire pour avoir une chance d'atteindre un jour l'âge adulte, se dit Félicia en se grattant la joue.

"C'est bien beau l'aventure...mais fais attention à ne pas confondre courage et folie, hein. Tu n'as qu'une seule vie, et pas le droit à l'erreur."

Une leçon des plus ironiques de la part de la minette, au minois défiguré par d'innombrables balafres, et dont le passé était plus houleux qu'une tempête en pleine mer. Pour autant, elle se considérait comme extraordinairement chanceuse d'y avoir survécu, et même d'en être sortie presque indemne...physiquement. Aucune blessure ne l'avait réellement handicapé, et malgré son état, elle avait encore deux bras, deux jambes et deux yeux. C'était rare.

"T'imagine si j'avais été une méchante ? J'n'aurais eu aucun mal à t'attraper... Je pense pas que tu prouveras grand chose à tes parents, si tu finis réduite en esclavage, ou tuée au milieu de nulle part. L'orgueil ne mérite pas d'y laisser sa peau..."

Félicia devait être à peine plus âgée qu'elle lorsqu'elle avait appris cette terrible leçon...d'autant plus que ce n'est pas elle qui en avait payé le prix. Il y avait fort à parier que la gamine prenne son attitude moralisatrice de travers, et la minette en aurait fait autant. Après tout, qui apprécierait qu'un parfait inconnu débarque, vous surprenne dans votre intimité, pour vos donner des leçons sur votre vie ?
Pourtant, l'ancienne chevalière du ciel espérait que ses mots trouvent un quelconque écho chez la jeune fille, afin de lui éviter, peut-être, de choisir un mauvais chemin qu'elle regretterait.
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Sébast Arviel
Sébast Arviel
Nordien Improbable.
Messages : 19
Classe : Conteur
Mar 29 Jan - 18:22
Sébast Arviel
Essayer de se grandir? Lynnaye ne l’aurait jamais fait si elle n’avais pas eu une très bonne, pour ne pas dire excellente raison. Elle se savait jeune, et la plupart des chevaliers que côtoyait son père avaient aujourd’hui le double de son âge, et certains pouvaient même se targuer d’en accuser le triple. Pour une personne jeune, qui souhaitait faire sa place dans le monde de la chevalerie comme Lynnaye, il fallait donc de l’assurance, à défaut de l’expérience.
Et cela, Lynnaye ne l’avait compris que trop tard, après quelques premières humiliations… Mais aujourd’hui, c’était une phase de sa vie qu’elle avait reléguée derrière elle, et que jamais, au grand jamais, elle ne se risquerait à exhumer de ses souvenirs!


Peut-être que je n’ai qu’une seule vie… Peut-être que vous êtes plus forte que moi… Peut-être que vous êtes une méchante, comme vous dites. Et si cela se peut, peut-être que des complices n’attendent qu’un signal pour m’assaillir, m’arracher tout ce que je porte et me violer comme si je leur revenais de droit!

Parce que Lynnaye savait tout cela. Elle savait que malgré que le continent soit virtuellement paisible, les routes, en elles-mêmes, n’étaient absolument pas sûres. Elle savait que de temps en temps, des hommes comme des femmes tombaient sous le joug de personnes mal intentionnées.

Ne me prends pas pour une enfant! Je sais me battre, et je ne laisserai personne me rabaisser au rang de simple héritière de je ne sais quelle maison noble ordinaire!

Comment disait-on, déjà? Ah oui… Lynnaye en voulait, réellement. Elle se savait capable de le faire. Elle savait que malgré les obstacles, elle devait montrer qu’entre les clichés que certains entretenaient et les mythes issus de la vindicte populaire, elle serait toujours la plus forte!

Je veux prouver à tous ceux que je rencontre que je vaux mieux que ça. Je veux devenir plus forte pour prouver à tout le monde que même une fille peut devenir chevalier et surpasser les hommes!

La seconde suivant, elle portait la main à la salle de Xander et dégainait son arme. Si l'inconnue voulait la remettre à sa place et tenter de la convaincre de rentrer chez elle, elle allait être bien desservie!
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Félicia
Félicia
Messages : 20
Mer 30 Jan - 15:12
Félicia
La minette ne put réprimer un frisson de dégoût à l'hypothèse de la jeune fille, lorsqu'elle évoquait de possibles complices en embuscade. Bien qu'elle n'ait jamais eu le malheur de tomber sous le joug d'une horde malveillante, Félicia connaissait la douleur d'être abusée par la force ou la ruse, appâtée, utilisée puis rejetée par de simples civils pourtant. Elle ne tenait pas un seul instant à imaginer quel calvaire ce devait-être d'être capturée par des scélérats sans scrupules.
Elle sursauta, arrachée à ses pensées lorsque l'adolescente partit d'un soudain éclat de voix, comme si son honneur avait été insulté et que l'offense ne pouvait rester sans réponse. L'ancienne chevalière la regarda avec des yeux ronds, surprise, un peu perdue en fait en ne comprenant pas cette crise soudaine alors que la petite noble clamait haut et fort qu'elle voulait prouver sa force et que les femmes sont aussi capables que les hommes.

Mais avant que Félicia - native de Begnion, nation où la femme était guerrière lorsque l'homme revêtait souvent la bure - ne puisse répliquer quoique ce soit, Lynnaye se saisit de son épée et tire la lame au clair, faisant reculer par réflexe la lancière qui n'en croyait pas ses yeux.
Elle resta quelques instants bouche bée, interdite face à ce spectacle improbable. Son esprit s'affola, la menace d'une arme pointée dans sa direction à et son attention ravivait de nombreuses peurs, alors qu'elle tentait désespérée de comprendre quel mot avait bien pu être prononcé de travers pour obtenir un tel résultat.
La déserteuse se secoua la tête pour se reprendre avant de se frapper le front du plat de la main, éberluée.


"Mais t'es complètement conne !?"

L'injure lui avait échappé, mais sans haine, sans hostilité aucune. Le mot était sorti tel une improbable vérité, qu'on ne parvient pas à accepter. Réalisant sa gaffe, Félicia se couvrit la bouche d'un air coupable, avant de reculer encore d'un pas, sans chercher à se saisir de sa lance. Tant pis pour ce vilain terme, elle ne voulait toujours pas se battre...en revanche, il était vraiment important, pour ne pas dire vital, d'expliquer deux trois petites choses à la môme.

"Tu prouveras rien du tout si tu te fais défoncer par le premier venu parce que tu as attaqué sans réfléchir ! Mis à part que tu étais faible et stupide, c'est tout !"

Les yeux ronds, ne parvenant toujours pas à croire que cette presque enfant soit prête à lui sauter à la gorge pour...pour quoi en fait ? Félicia savait qu'elle n'était pas très intelligente, mais là, cette impulsivité la dépassait totalement. Secouant de nouveau la tête, comme pour nier ce qu'elle avait devant le nez, elle se força à adoucir sa voix, à prendre ce ton délicat qu'avait sa mère pour lui expliquer quelque chose.

"Écoute...moi je ne te veux pas de mal, et puisqu'elle me concerne également, je ne peux que te souhaiter de réussir dans ta quête...mais je t'en prie, laisse les actes aussi viriles que stupides aux mecs, qu'ils se cassent la tête les uns les autres, ça en fera autant de moins."

Bien qu'ancienne soldate, et qui voulait faire honneur à sa famille - un énorme échec d'ailleurs - la minette n'était pas la femme la plus à cheval sur la notion de dignité. Une insulte ne valait que rarement la peine de risquer sa vie. L'honneur, ça se lave, une blessure critique...non.

"Si tu passes pour une idiote, car tu te précipites, en particulier dans un combat perdu d'avance...ou même si tu as l'air hystérique pour Ashera seule sait quelle raison, c'est toutes les femmes que tu feras passer pour des cinglées qui sont faciles à battre, et si tu meurs ou finit lourdement handicapée, tu ne pourras plus rien faire pour changer ça !."

Son coeur cognait tellement fort dans sa poitrine que son propre sang lui faisait mal aux oreilles. Prise au dépourvu, incertaine des réactions possibles de son interlocutrices, Félicia se retrouvait dans la - trop - délicate position de celle qui voulait aider son prochain...qui lui pouvait très bien juste tenter de lui faire la peau. Et même si cette dernière ne valait pas grand chose, la lancière y tenait encore un peu pour l'instant...
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Sébast Arviel
Sébast Arviel
Nordien Improbable.
Messages : 19
Classe : Conteur
Mar 12 Fév - 15:26
Sébast Arviel
L'héritière se savait jeune. Elle se savait peu expérimentée. Elle savait très bien que même en un contre un, ses chances de gagner étaient minces si son adversaire la surpassait en expérience, ou même sur le point de la force physique. Son maître d'armes avait été très clair, même l'épéiste le plus rapide au monde a des raisons de se méfier d'un homme qui mesure deux fois sa largeur en terme de masse musculaire.
Toutefois, il y avait une chose que Lynnaye ne s'expliquait pas. Comment Félicia pouvait-elle être aussi condescendante? Certes, l'héritière des Fayrann était jeune et inexpérimentée, mais cela ne donnait pas le droit à son aînée de l'insulter et de la rabaisser, et encore moins d'essayer de la convaincre d'abandonner ses rêves!
Toutefois, elle parvint à se calmer. Félicia avait raison, se précipiter ne servait à rien, et étant donné son âge et la faiblesse que lui imposait son manque d'expérience, elle avait plus de chances de se faire empaler par le premier bandit venu...


Hmmm...

La rapière se détourna des yeux de Félicia, dans la direction desquels sa lame était pointée auparavant. Devenant d'abord parallèle au sol, elle amorça une lente descente vers le sol. Les jambes de la jeune noble flageolaient. Elle n'était pas en position de faiblesse, mais pourtant, elle n'avait jamais eu autant la sensation d'avoir échoué. Mais elle se reprit, son aplomb redevint celui qu'elle avait au début de la conversation, alors qu'elle secouait légèrement la tête pour accélérer le séchage des cheveux. Un peu apaisée, elle jeta un noueau regard vers Félicia.

Apprends-moi!

Son ton laissait bien peu de doutes quant à ses intentions. Puisque Félicia était elle-même expérimentée, nul doute qu'elle pourrait l'aider à devenir plus forte!

Aide-moi à devenir plus forte! Je ne veux pas abandonner! Je... je ne peux pas abandonner... J'ai juré...
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Félicia
Félicia
Messages : 20
Mar 12 Fév - 22:44
Félicia
Pfiou...Félicia avait été mal à l'aise de se montrer...vulgaire avec sa cadette, pour ne pas dire franchement grossière. A sa place, la lancière aurait très mal pris son attitude, mais en l'observant la minette commença à se demander si Lynnaye n'était pas effectivement très vexée. Mais au moins, ce qu'elle lui avait dit semblait l'avoir secoué et fait réfléchir, c'était probablement une bonne chose.
Tout ça pour dire que l'ancienne chevalière pégase se sentit très soulagée quand l'adolescente abaissa enfin son épée. Bien sûr, Félicia remarqua qu'elle gardait la lame au clair, mais son hostilité paraissait s'être dissipée, remplacée petit à petit par une nouvelle fougue.
Nyeh ?

La jeune fille se raccrochait désormais à sa présence et lui demandait d'être son mentor...une déclaration aussi inattendue que soudaine qui prit totalement la lancière à contrepied. Lynnaye insista, visiblement déterminée à devenir une véritable héroïne du jour au lendemain, alors que la minette secouait la tête, tant par refus que pour essayer de se reprendre ses esprits.


"Euh...faut péter un coup, ma p'tite."

Elle était confuse. D'abord elle tombe sur une fille à poil, qui essaye de l'occire parce qu'elle se sent provoquée...puis qui lui demande d'être sa tutrice de l'aventure. Les événements évoluaient beaucoup trop vite et d'un extrême à l'autre, elle ne parvenait pas à suivre.
Se passant la main sur le visage pour essayer de comprendre la logique de son interlocutrice, elle finit par se dire que la jeunette était juste une innocente, encore naïve et pleine de rêve qui se confondaient avec la réalité...et une impatiente de compétition.


"T'as tout ton temps pour devenir forte, tu sais ? Tu ne bafoueras pas ta parole si tu attends quatre ou cinq ans pour affûter tes compétences...regarde les militaires, ils consacrent des décennies, leur vie entière au combat et au service de leur patrie. Personne ne le leur a jamais reproché !"

C'était bien normal après tout, même évident...et Félicia était bien placée pour le savoir, son propre-père étant militaire de carrière. Elle-même avait servi sous les ordres, mais ne se considérait pas comme une véritable soldate, puisqu'elle avait passé plus de temps à rouler sous la table en sanglotant qu'à honorer sa patrie.
Poussant un long soupir, la minette s'efforça de se calmer. Elle était certainement encore plus paniquée que l'adolescente en face d'elle, mais une chose était sûre : Lynnaye ne devait pas la suivre en l'idéalisant comme une grande aventurière ! Elle essaya d'adoucir sa voix, mais resta là où elle se tenait, redoutant encore la rapière que la jeune fille tenait toujours au clair.


"C'est une bonne idée de vouloir un mentor mais...pas moi. Nan mais sérieusement, tu m'as bien regardé ? elle désigna son propre visage, scarifié d'ignobles balafres d'un bout à l'autre J'ai l'air d'une grande guerrière ? J'arrive déjà à peine à sauver ma propre peau ! Après la deuxième guerre, j'me suis tapé une dépression, j'ai déserté l'armée puis ma patrie !"

Réalisant trop tard sa boulette, elle se plaqua la main sur la bouche. Sa désertion était probablement sa plus grande honte, et elle ne l'avouait généralement qu'à ses proches les plus chers...c'est à dire personne, depuis sa fuite, ou après un tonneau de trop en s'étouffant à moitié dans son vomi.
Son moral replongeant au fin fond des talons, la fille du ciel baissa le nez d'un air piteux.


"Comment veux-tu que je puisse faire quoique ce soit pour toi alors que j'arrive déjà pas à m'occuper de moi..."
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Lyannaye Fayrann
Lyannaye Fayrann
Messages : 5
Ven 23 Aoû - 17:30
Lyannaye Fayrann
Il était clair pour tout le monde je pense que Lyannaye était quelqu'un qui avait un peu d'égo. Même si elle se savait inexpérimentée, elle voulait devenir meilleure, plus forte. Non...Elle voulait devenir la meilleure. Ce n'était pas comme si elle n'avait pas de potentiel après tout. Son maître d'armes lui avait dit et répété: elle était jeune et ne pouvait pas NE PAS progresser dans l'avenir. Péter un coup? En dehors de l'aspect vulgaire de la phrase, il y avait aussi un manque de respect. Mais surtout, son interlocutrice la comparait à un soldat. Or, ce n'est pas ce qu'elle aspirait à devenir. Non, ce qu'elle voulait devenir, c'était un modèle. Un modèle autant pour elle-même que pour sa petite soeur. Mais cela, peut-être que Félicia ne le comprenait pas, peut-être qu'elle n'avait pas les clés pour le comprendre.

-Tu n'es toi-même pas une héroïne, je le sais. Je le sens. J'ai lu beaucoup de livres qui prétendent expliquer ce qui fait un héros. Tu ne te tiens pas droite, tu n'es pas fière... je ne sais pas ce qu'il t'est arrivé, mais ce n'est pas glorieux, n'est-ce pas?

Elle ne voulait pas remuer de mauvais souvenirs, bien au contraire. Malgré ce que sa mère en disait, l'empathie restait une vertu.

-Tu ne ressembles pas non plus à une simple aventurière. Je peux le voir, tu as vu des choses que personne d'autre n'a vu. Mais je ne veux pas savoir ce que c'est.

Et la jeune héritière de se retourner pour rejoindre l'arrière de sa monture, alors qu'elle profitait de l'abri que procurait Xander pour se rhabiller, dissimulant autant sa nudité que possible derrière le corps de l'étalon. Son pantalon recouvrit en premier ses longues jambes fines, puis sa chemise couvrit sa poitrine tout juste naissante. Félicia n"avait certainement pas une mauvaise vue, elle pouvait voir que la puberté prenait son temps avec la jeune fille. La veste renforcée, ainsi que la cape et les bottes, suivies par la ceinture, vinrent compéter le tableau.

-Je ne cherche pas à devenir un soldat. je ne cherche pas à devenir une légende vivante... Ce que je veux, c'est prouver que je vaux mieux que la petite princesse qu'on a élevée à Mélior. J'ai bien vu ton regard tout à l'heure. Tu penses que je suis oisive et bourrée d'illusions, n'est-ce pas? Je sais bien que j'aurais des surprises, sur la route, et certaines loin d'être bonnes. Mais c'est pour cela que j'ai besoin de toi.

Une fois correctement habillée, elle revint face à la lancière. Et sans même d'introduction, elle tendit la main, laissant à Félicia la liberté de la prendre si elle en avait le courage.

-Je n'aime pas les histoires de héros. Ce n'est pas réaliste. Alors que penses-tu de simplement m'apprendre? Je ne te dénoncerais pas, et je ne te jugerais pas sur ce que tu as vécu. Cela, je peux te le promettre. Mais apprends-moi. Apprends-moi à me battre. Apprends-moi à comprendre ce qui fait un soldat.

Et elle ne s'arrêterait pas là, emportée par le courant de ses propres paroles.

-Je ne sais pas ce que tu as vécu, mais tu ressembles à quelqu'un qui veut y échapper. Tu veux... Tu veux te racheter, n'est-ce pas? Alors pourquoi ne pas faire quelque chose de bien, en m'aidant à m'endurcir? Je ne veux pas que tu fasses de moi la prochaine foudre de guerre. Je ne veux pas que tu fasses de moi une héroïne en devenir... je veux simplement devenir plus forte, avoir quelqu'un sur qui compter... Et puis... je pense que j'aimerais vraiment pouvoir profiter de la compagnie de quelqu'un, si tu n'y vois pas d'inconvénient. Qu'en dis-tu?
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Félicia
Félicia
Messages : 20
Ven 23 Aoû - 21:27
Félicia

La première réaction d'une Féli' déjà au bord du suicide fut de se frapper le visage dans sa paume. Est-ce que toutes les jeunes filles étaient aussi stupides ? Avait-elle été aussi bornée et naïve à son âge ? Elle en doutait lourdement...et en même temps, n'était certainement pas blanche de tout soupçon, sans quoi elle n'en serait pas là.
C'est avec un regard blasé, les épaules affaissée et la mine fatiguée qu'elle écouta à moitié le reste du discours de la jeune femme enflammé par ses rêves romanesques, qui en de très nombreuses circonstances, ne lui auraient valu qu'une gifle pour la faire taire et une fessée pour l'envoyer se coucher sans manger.
Elle ne se soucia même plus des questions de pudeur tandis que la noble se rhabillait à l'abri de son cheval, alors que l'ancienne chevalière du ciel se pinçait l'arrête du nez en soupirant profondément, essayant de se calmer pour ne pas oublier que la jeunesse faisait souvent des erreurs, et qu'il fallait faire preuve de patience et de compassion plutôt que de céder à la facilité.
Cela dit, c'était vraiment difficile pour elle en cet instant, alors qu'elle sentait sa culpabilité lui peser sur les épaules.

C'était lassant de voir une jeune fille, ignorante du monde et de la vie, oser lui dire "j'ai bien à ton regard que l'aventure sera rude" et se permettre de la juger. Cela lui rappelait les moutons qui se pensent plus malin que leur berger, alors que celui-ci n'a qu'à les laisser dans leur illusion pour les guider selon son bon vouloir.
La seule chose intelligente, et qui ne força pas Félicia à l'abandonner sur place, que l'enfant tout juste sortie de son berceau parvint à dire fut sa dernière tirade, qui demandait simplement son aide, de partager un peu son expérience...mais une fois de plus, comme elle le lui avait dit, elle se trompait.
Secouant la tête en essayant de se reprendre, autant pour contrôler sa nervosité que son dégoût d'elle-même qui lui donnait douloureusement envie de couler une douille.
Se forçant à adoucir sa voix, même si elle ne pouvait rien faire pour apaiser son timbre enroué et sa fatigue évidente, la lancière tenta de faire comprendre son message...tant bien que mal. Elle n'était ni une sage, ni une oratrice, alors elle craignait à tout instant de dire LE mot qui fera tout partir de travers.


"Une héroïne, hein ? C'est quoi, pour toi, un héros ?"

C'était le genre de terme qu'on vomissait à tort et à travers dans tous les pays et toutes les couches de la société afin d'endoctriner et abrutir des populations entières, afin de pouvoir les tordre à loisir. Le légendaire Ike était considéré comme LE héros de Tellius, son plus grand et vaillant bretteur...et du point de vue de Félicia, sa force brute était bien son seul talent, à ce foutu punk aux cheveux bleus.
Où était-il, ce héros, quand Daein souffrait d'être abandonné au joug de Begnion, quand Criméa mourait de faim après l'attaque de Famine alors qu'elle se relevait à peine de la guerre, quand le Chevalier de la Mort avait failli anéantir Siennes ?
Il n'existait aucun mot que la minette abhorrait plus que "Héros", et sa grimace rageuse en était la confirmation.


"Un individu surdoué et exceptionnel capable de changer le monde tout comme de l'abandonner à son sort ? elle crachait ses mots sur un ton acide le genre de héros dont on encense le nom pendant des générations, en oubliant les milliers de famille que son bras a brisé et tous les braves qui sont morts pour le protéger ? C'est ça que tu veux être ?"

Face à la démence du Treizième Roi, Tellius avait eu besoin d'un Héros. Et Ike était apparu, la princesse cachée de Criméa à ses côtés, à la tête d'une bande de vauriens. Puis il s'était évanoui dans la nature. Lorsque la Chevelure d'argent avait mené sa rébellion, qui avait pris des proportions gigantesques alors que Criméa faisait face à un début de guerre civile, il était revenu, triomphal, dévastateur...et on prétendait qu'il avait abattu une Déesse. Si c'était vrai, alors le monde était mort de sa main. Si Ashera était réellement morte sous ses coups, alors la Foi qui régissait Begnion était tombée avec elle.
Puis il avait disparu à nouveau. Et alors que les Cavaliers Noirs détruisaient le monde, il faisait toujours la sourde oreille. Tellius avait à nouveau besoin de son champion, puisque les autres gisaient, anonymes, dans des tombes oubliées creusées à la va-vite.


"Dis-moi, tu as déjà tué quelqu'un, de tes mains ? L'as-tu regardé dans les yeux alors qu'il s'étranglait dans son propre sang en songeant à sa famille qu'il ne reverrait plus jamais ? rumina d'un ton amer la lancière Est-ce que tes rêves ont déjà conduit un de tes amis à la mort, dans cette même lente agonie, alors que son regard te disait "pourquoi je meurs et pas toi ?" ?"

La pire expérience de Félicia, celle qui continuait à la hanter presque dix ans plus tard et qui avait détruit sa vie et sa volonté...c'était bien son orgueil fou d'avoir eu un petit talent. Par sa témérité, son insouciante jeunesse, elle avait conduit ses amies, ses camarades, ses soeurs d'armes face à un trépas terrible. Elle n'avait jamais pu se le pardonner et doutait de seulement y arriver un jour.
En regardant la main qu'avait osé lui tendre cette folle et ignorante jeune fille...elle repensait à celle qu'elle avait eu, autrefois, animée de la même folie ignorante et secoua la tête avec tristesse.


"Signes à l'armée, si tu veux savoir ce que c'est que d'être soldate. Si tu veux découvrir ce que ça fait de souffrir, de saigner, de courber l'échine comme de lever le menton. Si tu veux savoir ce que ça fait que d'avoir des soeurs, des amies, des rivales...si tu veux apprendre à te battre, t'endurcir, trouver un sens à ta vie et prendre goût à ton pays. Alors engages-toi... sa lèvre se mit à trembler alors que ses yeux s'embuaient de larmes. Sans une once de pudeur, la minette s'empressa de les essuyer du revers de sa manche tu y apprendras aussi peut-être l'humilité, face aux vétérans et aux champions, qui te feront comprendre la minuscule place que tu occupes dans ce gigantesque monde...mais surtout prie. Prie pour ne jamais perdre cette fratrie forgée dans le sang et la sueur, ni le pays que tu défends..."

Complètement au bout du rouleau, il lui fallait s'appuyer sur sa lance pour ne pas s'effondrer. Mais quelle idée de se mettre dans des états pareils pour une pauvre gamine qui voulait juste exaucer un rêve qu'elle ne comprenait pas ! Cela dit, l'ancienne chevalière de Begnion ne doutait pas qu'elle était sensible à sa cause...parce qu'elle avait été sienne, autrefois.

"Mais...pas moi. Je peux pas. Ni te rendre forte, ni courageuse, ni digne...je peux juste te supplier de m'écouter, et d'être moins folle que je ne l'ai été tant qu'il est encore temps."

Ses yeux commençaient à rougir à force d'être mouillés de larmes, qu'elle devait régulièrement essuyer de ses mains tremblantes...mais tant pis pour son égo. Elle l'avait jeté aux orties il y a bien longtemps, alors elle n'allait pas aller le chercher maintenant, tandis qu'elle pouvait épargner son triste sort à une jeunette qui était aussi brave qu'elle le fut naguère.
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Lyannaye Fayrann
Lyannaye Fayrann
Messages : 5
Ven 23 Aoû - 22:44
Lyannaye Fayrann
Un mur. Voilà ce que Lyannaye voyait. Félicia ne lui renvoyait rien qu'un mur de mots, un mur de certitudes. Face à sa détermination à aller au bout de ses rêves, face à sa foi en elle-même, et surtout face à son ambition, voilà que son interlocutrice lui décrivait un désert de carnage et de mort. Elle mettait l'accent sur la déchirure de la perte d'un ami, la douleur de la mort d'un être cher, l'agonie de la disparition de l'élu d'un coeur. Mais malgré son jeune âge, Lyannaye n'était pas étrangère à ces émotions et ces sentiments. Durant son éducation, elle-même avait subi bien des choses. La douleur physique n'était pas une nouveauté, et la souffrance morale non plus. Elle marqua donc un temps, le temps que son corps accuse le coup, mais assez vite, elle baissa les yeux, et ses poings se serrèrent.

Non, c'est vrai, je n'ai jamais tué.

Elle avait prononcé cette première phrase doucement à voix basse.

Je n'ai jamais levé ma lame sur qui que ce soit en-dehors de l'exercice. Et tous les dieux disparus me préservent de jamais avoir à le faire sans une excellente raison!

Elle venait de lever les yeux, sa détermination était intacte malgré le barrage que Félicia lui avait opposé. Son regard bleu se figea dans celui de son interlocutrice.

Je sais très bien qu'un champ de bataille n'est pas une expérience qu'on peut souhaiter à quelqu'un de vivre, et même si je n'ai jamais vu qui que ce soit tomber au combat, je sais très bien ce que ça fait de perdre quelqu'un à qui je tiens!

Les souvenirs remontaient en surface. Et elle aussi pleurait. mais ce n'était qu'une larme unique, chacune tombant d'un oeil, qui coula lentement, avant de se décrocher pour aller se perdre sur la terre battue, rapidement avalée par le sol, ne laissant plus qu'une tâche légèrement humide.

Je sais ce que ça fait de voir mourir un proche. J'ai assisté aux funérailles de mon propre père alors qu'il avait sacrifié sa vie pour sauver celle de son roi! Te crois-tu la seule à avoir vu la mort en face? Te penses-tu si bien pensante, si douée pour comprendre les autres, que tu en oublies que la souffrance ne t'est pas uniquement réservée?

La rapière s'envola soudain et se planta en plein milieu de la distance qui séparait les deux pieds de la lancière. Les rayons du soleils montraient étrangement bien les quelques traces de sang qui avaient refusé de quitter la garde de l'arme.

Cette arme appartenait à mon père, et elle a été forgée du temps de mon grand-père. Elle a vu défiler les deux guerres, et elle est passée de mains en mains parmi un groupe de soldats qui ne faisaient que protéger leur famille. Elle a vu plus de sang qu'un homme n'en a dans le corps... je connais l'histoire de chacun des hommes qui l'a tenue, je connais leur nom. Et j'ai pleuré pour chacun d'entre eux. j'ai pleuré en apprenant qui ils étaient et pourquoi ils sont morts. Pourras-tu en dire autant de l'arme que tu portes?

Le sourire qui étira la bouche de la jeune noble n'avait pas la moindre once de joie. Elle avait été sincère d'un bout à l'autre de son discours, au point qu'elle pensait avoir tout donné. Ses jambes flageolaient légèrement

-Suis-je donc à ce point indigne de recevoir ton enseignement? Te sens-tu si unique que tu refuses d'accomplir quoi que ce soit qui en vaille la peine? Si je veux apprendre à me battre, c'est pour que JAMAIS, PLUS JAMAIS, le sang ne coule sans une justification réelle! Je veux... je veux un monde qui permette à ma famille de vivre sans la peur du lendemain. Alors s'il te plaît...aide-moi...
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Félicia
Félicia
Messages : 20
Ven 23 Aoû - 23:27
Félicia

Allons bon. Voilà que la gamine piquait une durite parce que, comme la quasi-totalité des gens de plus de quinze ans en ce monde, elle avait vu un être cher mourir...ce qui aurait pu être un beau début de relation, de compréhension, n'était en fait qu'une complainte larmoyante pour faire valoir qu'elle avait encore plus souffert que les autres.
Sérieusement. C'était ça, la relève ? Des morveuses attardées mentalement, qui pour avoir assisté aux funérailles D'UNE SEULE personne se permettaient de croire qu'elles savaient tout, du monde, de l'histoire et de la vie ?
Pas étonnant que Tellius n'ait pas été aussi mal depuis la première guerre, il y a bientôt treize ans de cela.

Alors qu'elle voulait se masser les tempes, Félicia sursauta brusquement en voyant un fer aiguisé se tendre devant elle, lui faisant ouvrir des yeux surpris alors que son imbécile d'interlocutrice de lançait dans une longue tirade pour vanter le lignage inutile de son arme.
L'arme du père, du grand-père, du machin et de ci, et cela, et tout ça...bref. Des paroles de jeune imbécile, à ce point abrutie par la soie qu'elle est incapable de supporter son propre discours d'ignorante. Même Félicia, pourtant mal en point, assaillie par les souvenirs de ses erreurs et de ses rages aveugles, voyait bien que cet idiote tremblait sous le poids de sa propre conviction ignorante.
Elle devait la guider, réussir à lui ouvrir les yeux, lui faire entendre raison sur son aveuglement et lui faire comprendre qu'il y avait autre chose, une autre vie que celle du fanatisme. Venant d'une Begnionnaise, c'était velu quand même, mais...
Mais c'était trop. Beaucoup trop pour ses petits nerfs à vifs. Ses fautes avaient coûté la vie à ses amies. Sa rage avait pris la vie de soldats comme elles, qui faisaient juste leur devoir. Le destin avait voulu qu'elle survive à la bataille la plus démente de l'Histoire, pour se rappeler de ce qu'elle avait été et de ce qu'elle avait échoué à être.
Bouillonnante de rage, de frustration, et de douleur, la lancière craqua.

Sans plus une once de pitié, Félicia balaya la rapière plantée entre ses pieds sur le côté et se rua sur son imbécile d'interlocutrice en inversant sa prise sur sa fine et longue lance pour lui flanquer un violent coup circulaire avec la hampe de son arme à la tête avant de s'écrier, rouge de colère et de dégoût.


"Et tu penses avoir le moindre droit de te plaindre !? Combien de pauvres cons ont tenu tta pathétique rapière, trois ? Quatre ? J'ai eu plus de douze femmes sous mes ordres, qui sont mortes à causes de mes erreurs, de ma faiblesses ou simplement à cause de la guerre ! la minette était folle de rage alors que ses lèvres tremblaient, ses yeux noyés de larmes. Vive comme un serpent, ça ne l'empêcha pas de manipuler à nouveau sa lance pour enfoncer sa hampe dans l'estomac de la noble désarmée dans l'espoir de la faire taire pour qu'elle écoute J'ai ordonné de tuer des gens ! J'en ai tué moi-même ! J'ai vu des milliers de pauvres innocents s'étriper dans une rage démente, des royaumes entiers se haïr, et J’ÉTAIS EN BAS DE L'ÉCHELLE PAUVRE ABRUTIE !!!"

Elle suspendit son geste lorsqu'elle réalisa avoir levé la pointe de sa lance, prête à embrocher la malheureuse qui avait eu le tort d'avoir un rêve magnifique. Horrifiée de sa propre folie, cette même folie qui ne l'avait, au final, jamais quitté depuis ce jour désastreux, Félicia rejeta sa lance avec un glapissement avant de s'effondrer, se tenant la tête à deux mains en sanglotant.

"T'es...t'es juste une petite merde..uuh...*snif*...qui se croit meilleure que les autres..."

La douce, timide, fragile minette leva alors un regard haineux vers la jeune noble. Celui d'une soldate qui avait tout perdu à la guerre, celui de l'être dont le seul refuge pour ne pas perdre le peu de raison qui lui restait avait été de se réfugier dans la rancune et la distance. Elle haïssait ses ennemis de l'époque, alors même qu'elle savait ô combien ils avaient eu raison de se battre. Elle haïssait les Laguz, tout en sachant que sa propre patrie avait été la source de leurs maux.
Et maintenant, elle haïssait Lyannaye et aurait souhaité par toutes les ferveurs d'Ashera la voir écartelée, pour que plus jamais un discours aussi stupide ne sorte de sa bouche.
Et pourtant, malgré tout, alors qu'elle posait le front contre le sol pour sangloter lourdement, elle espérait plus que tout qu'elle comprenne enfin à quel point une vie est insignifiante, et pourquoi il ne faut pas glorifier ou idéaliser les martyrs du passé...mais empêcher que leur tragédie ne se reproduise.
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Lyannaye Fayrann
Lyannaye Fayrann
Messages : 5
Sam 24 Aoû - 0:46
Lyannaye Fayrann
La jeune noblionne s'était heurtée à un mur la première fois. Mais voilà que devant sa réponse, celui-ci s'animait et devenait un torrent de colère, haineux et macabre, ténébreux dans tous les sens du terme. Il n'y avait pas besoin d'être un expert pour comprendre que son interlocutrice était en train de se laisser ronger par une rancœur insoutenable.
Le coup de lance ne la surprit pas beaucoup pour autant, mais elle ne chercha pas à se protéger. Elle raffermit simplement ses appuis sur le sol, comme on le lui avait appris. Pied sûr. L'extrémité du manche de l'arme lui cingla la joue, effleurant même la pommette, y laissant une marque rouge qui patienterait plusieurs heures avant de s'effacer, si tant est qu'elle ne se convertisse pas en un superbe hématome entretemps. Le deuxième coup, en revanche, fut moins aisé à encaisser. Son maître d'armes lui avait déjà donné des coups de pieds, et même des coups de genoux en plein visage. Mais ce coup du bout de la hampe, c'était une autre paire de manches, et même si la jeune fille avait eu le reflexe de vider ses poumons pour ne pas être pliée en deux, la douleur était bien présente.
Et lorsque la lancière tomba à genoux, Lyannaye put enfin entrevoir l'étendue de sa détresse, son chagrin, son désespoir. Félicia ne souhaitait qu'une seule chose à ses yeux: oublier. Quitter tout ceci et laisser sa culpabilité s'apaiser.


Je comprends.

Cette simple phrase avait été prononcée avec un aplomb impressionnant. La jeune noble s'approcha de la femme qu'elle n'aurait jamais pensé rencontrer il y a quelques minutes, et se pencha sur elle. La rapière d'un côté, la lance de l'autre, la scène rappelait davantage la fin d'un duel qu'une discussion, même si Lyannaye se savait incapable de rendre le moindre coup si l'ex-inconnue s'était réellement attaquée à elle avec l'intention de tuer. La jeune fille aux cheveux blonds glissa lentement au sol, sur les genoux, devant celle qui semblait sur le point de sombrer pour de bon dans le désespoir.

Je sais. Je ne connais rien du monde. Je n'en sais que ce qu'on m'a raconté, que ce qu'on m'a appris. Et pourtant, je ne baisserai pas les bras. Mon père me disait: "Si la montagne est trop haute à gravir, alors prends une corde plus longue". Si je tiens compte de ce que tu viens de dire...Alors oui, je comprends que certaines montagnes ne pourront jamais être gravies si je reste seule. Mais toi... Toi non plus, tu n'es pas seule...

Elle ne se reconnaissait pas trop dans ce qu'elle disait, mais quelque chose, quelque part en elle, lui insufflait l'idée que Félicia pouvait vraiment avoir besoin d'entendre quelque chose de positif. Ses mains se tendirent, et elle saisit la lancière avant de l'attirer contre elle, avec une tendresse qu'elle ne se connaissait pas. Le visage de la lancière se nicha par automatisme dans son cou. Sans le savoir, elle imitait un réflexe tout maternel, bien qu'à son âge, il y ait très peu de chances qu'elle y connaisse quoi que ce soit.

Tu n'es plus seule. Je suis là. Je ne peux pas comprendre tout ce que tu as vécu. Mais si je peux t'aider à moins souffrir, alors je n'hésiterais pas. j'ai promis à ma soeur de toujours garder une main tendue pour celui qui demanderait de l'aide... Et tu en as vraiment besoin...

Elle s'étonnait que la brune n'ait pas déjà tenté de la tuer. Mais visiblement, son discours avait un effet, fut-il minimal.

Je t'en prie... Laisse-moi t'aider...
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Félicia
Félicia
Messages : 20
Sam 24 Aoû - 2:26
Félicia

Elle comprend ? C'est tout ce qu'elle trouvait à lui dire ? "Je comprends" avec le ton d'une grande seigneur qui fait preuve de magnanimité alors qu'elle sanglotait de désespoir tandis que ses vieux démons revenaient l'assaillir ?
Qu'est-ce qu'elle comprenait ? Qu'elle ignorait tout de la vie, et refusait de le reconnaître ? Que ce qu'on lui avait vaguement enseigné à coup de libre et de maîtres cléments valait l'expérience du monde entier ? Que même l'avis et l'insistance d'une survivante de la seconde guerre n'était pas à la hauteur de son inestimable personne, indemne de tout supplice ?
Tout ce qu'elle trouvait à faire, c'était une fois de plus la prendre de haut, déclenchant une crise de sanglots encore plus violents, en lui récitant des dictons à la mords-moi-le-noeud. Des comme ça, elle en entendait dix par jours depuis qu'elle avait déserté !

Toutefois, la jeune femme la surprit complètement entre deux hoquets de larmes en venant...l'enlacer. Plutôt...tendrement. Une douceur qui attisa quelque chose dans les tréfonds de l'âme de l'ancienne chevalière du ciel, comme un sentiment qui ne demandait qu'à éclore au plein jour. Quelque chose de honteux, pour la lancière brisée...et qu'elle avait du mal à accepter. Mais pas comme les souvenirs de la guerre.
Mais ce bel élan, préférant tendre une paume amicale qu'une gifle retentissante, était gâché par ce discours de bien-pensant qui n'avait pas assez saigné. Des "Tu n'es pas seule", "j'ai promis d'aider" et autres "tu as besoin de moi". Le même genre de discours qu'on lui avait allégrement servi dans ses premières années d'errances, quand elle était au plus mal car non seulement brisée, mais en plus ignorante.
Le même genre de paroles creuses des gens qui n'assument rien et causent du tort aux autres. Celles des ruffians qui l'ont trompée, utilisée, trahie et blessée.

Un nouveau souvenir des plus douloureux que cette jeune ignorante éveilla chez elle. Ou plutôt cette sage parfaite, puisqu'elle savait déjà tout mieux que n'importe quel être sur Tellius. Au bout du rouleau, Félicia se laissa aller à son étreinte, l'attrapant par les épaules pour la serrer contre elle et profiter durant ce rare instant d'un peu de chaleur humaine en sanglotant à grosses larmes.
Elle voulait oublier la guerre et les blessures qui l'avaient défigurée. Ses amies, terrassées par les flèches et les lames, ainsi que les hurlements d'agonie de ses alliés comme ses ennemis. Elle voulait oublier tout ce qui était une honte en elle, ses propres sentiments inavouables comme ses débordements...et ses souvenirs tragiques, où elle n'avait été qu'un objet durant une nuit, à regret. Et un peu de tendresse pouvait l'aider à supporter cette mémoire qui refusait de s'effacer, en dépit de tous les tourments que la lancière lui infligeait.
Sa prise s'affirma, lui serrant les épaules...avant de se reculer d'un grand mouvement, prenant de l'élan avant de la tirer à elle avec un cri de rage pour lui flanquer un coup de boule tonitruant dans le front et la repousser en arrière avec violence.


"M'aider !? Tu n'es pas fichue d'entendre la moindre raison sans me rendre hystérique, et tu penses pouvoir aider qui que ce soit !?"

Elle voulut se redresser sur ses jambes pour la houspiller, bien droite...mais ses jambes refusèrent de la supporter alors la lancière s'effondra à nouveau à genoux. Elle avait l'impression que ses cuisses étaient faites de coton, elle qui autrefois pouvaient supporter des journées de chevauchée célestes sans même la faire souffrir de courbature. Misère, elle était décidément tombée bien bas.
Sans quitter de son regard, rendu rouge par les larmes alors qu'elle essuyait d'un revers disgracieux la morve qui coulait de son nez, la jeune folle mais bien intentionnée qui lui avait fait péter un plomb, Félicia fit de son mieux pour ravaler sa crise. Se laisser aller ne lui faisait pas du bien. Pas du tout. Et se lâcher sur une pauvre fille dont le plus grand tort était sa naïveté n'allait pas arranger les choses, pour aucune d'elles deux.


"Tu n'as aucune idée du sens des mots que tu emploies, et tu te crois déjà une adulte elle ricana avec un dédain amer. Il n'y avait aucune satisfaction à tirer, d'aucune façon, dans un tel constat continues à être fière, têtue et hautaine. Tes promesses et tes dictons à la noix ne te protégeront pas d'une véritable lame, maniée par quelqu'un qui aura juste une raison de t'ouvrir comme un poulet ! Tu verras ce que ça fait que de se faire balayer de son minuscule piédestal..."

Accablée, la minette baissa à nouveau la tête et se frotta les yeux, avant de grogner. A force de gigoter, elle s'était simplement mise une poussière dans l'oeil et c'était pour le moins désagréable. Elle se frotta les mains sur sa tunique froissée en grimaçant avant de gesticuler pour virer la pénible intruse du coin de son globe oculaire, clignant plusieurs fois des yeux pour retrouver une vision correcte. Entre temps, elle soupira à nouveau avec toute la lassitude du monde.

"Arrête de te croire la plus grande héroïne du monde, talentueuse, intouchable et savante. T'es juste une gamine sortie d'une maison bien tranquille aux murs dorés. Quand t'auras crevé de faim pendant six mois dans les ruelles puantes des prostituées avec une blessure de couteau dans le bide qui saigne depuis deux jours, alors que tout le monde te crache dessus car t'es rien, t'auras p'tet une idée de ce que c'est, qu'une vie pourrie...et alors on verra si t'as toujours le courage de sauver le monde ou si tu préfères retourner chez ta mère."

Incapable s'en supporter plus, ses nerfs menaçants de la lâcher à nouveau, Félicia préféra se traîner minablement à quatre pattes jusqu'à sa lance pour s'en servir tant bien que mal de cale afin de se remettre sur pieds. Sans elle, ses jambes tremblantes l’abandonneraient tout simplement.
Elle voulait juste se rouler en boule dans un espace étroit et sombre, et pleurer jusqu'à s'évanouir sans que personne ne la voit, et surtout sans qu'on ne puisse la déranger...et aussi que cette expérience puisse suffire à apprendre quelque chose à la petite. Elle n'avait pas un mauvais fond, et ne semblait pas manquer de volonté...comme n'importe quelle personne n'ayant pas souffert de plus grave qu'un rhume. La minette souhaitait que sa misère puisse suffire à au moins une seule personne de ne pas finir comme elle.
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